La France ne peut se séparer de son héros. Il le sait, il le sent, il revient ! Il quitte son île pour cent jours – cette période, du 20 mars au 18 juin 1815, qu’on appelle… les Cent-jours –, avant de faire connaissance avec un exil définitif, sur une autre île, dans un autre hémisphère, un autre monde…
Napoléon remet le pied sur le sol de France le jour du printemps 1815. Il entame sa dernière saison conquérante…
La charte de Louis XVIII coupe la France en deux : d’un côté les royalistes, de l’autre les républicains. La lutte qui s’engage va être interrompue en mars 1815 par une arrivée surprise, celle de… Napoléon ! En effet, on l’avait oublié un peu vite. Napoléon s’ennuie en exil. Le 26 février 1815, une petite flottille de sept bâtiments de commerce quitte l’île d’Elbe. À leur bord, peu de commerçants, mais 700 soldats et l’empereur ! Ils trompent la vigilance des navires anglais en patrouille et débarquent le 1er mars à Golfe-Juan. Deux proclamations vont être répandues en France. Elles appellent au soulèvement contre les Bourbons, contre le drapeau blanc des émigrés. Dans sa proclamation à l’armée, Napoléon lance cette phrase : « La victoire marchera au pas de charge ; l’Aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame. » Vingt jours de vol, et l’Aigle arrivera à Paris ! Voyons les détails de ce coup d’aile…
Après son débarquement à Golfe-Juan, Napoléon se dirige vers Grenoble par la route des Alpes afin d’éviter les populations royalistes de la vallée du Rhône. Le 7 mars, à Laffrey, au nord de Grenoble, le 5e
régiment d’infanterie, envoyé par Louis XVIII, tombe nez à nez avec la petite troupe de l’empereur ! Que va-t-il se passer ? Napoléon demande à ses hommes de mettre l’arme au pied. Il s’avance seul vers les soldats chargés de l’arrêter. Il ouvre sa redingote, montre sa poitrine et dit : « Soldats du 5e ! Si l’un d’entre vous veut tuer son empereur, qu’il le fasse ! » Le responsable du détachement crie : « Feu ! » Aucun coup ne part. Les soldats baissent leurs armes et crient « Vive l’empereur ! », s’embrassent et passent derrière lui pour grossir ses rangs !À Paris, le maréchal Ney qui a rallié le camp de Louis XVIII est chargé d’arrêter le vol de l’Aigle. Mais, le 17 mars, à Auxerre, Ney tombe lui aussi dans les bras de son empereur en déclarant à ses soldats : « La cause des Bourbons est à jamais perdue ! » Le 19 mars, Napoléon est à Fontainebleau. Louis XVIII s’enfuit à Gand, en Belgique ! Le lendemain, 20 mars, jour du printemps, l’empereur fait son entrée à Paris où l’acclame une foule en délire ! En peu de temps, Napoléon va organiser une armée afin d’aller combattre l’ultime coalition qui s’est formée contre lui.
La nouvelle campagne se prépare. Soult, Ney et Grouchy sont aux commandes avec un peu plus de 100 000 hommes. Ils vont à la rencontre des troupes de l’Anglais Wellington qui comportent seulement un tiers d’Anglais, pour deux tiers de Belges, de Hanovriens, de Hollandais, de Nassauviens… Ils auront aussi à combattre les 120 000 soldats de Blücher, le Prussien, régulièrement vaincu depuis 1806. Les Français vont donc se battre à un contre deux ! Napoléon choisit d’éliminer d’abord les Prussiens. Ensuite, il s’occupera des Anglais. Le 16 juin, en Belgique, à Ligny, les Prussiens sont repoussés, non pas battus ! Le 18 juin, à Waterloo, sur un terrain détrempé, Napoléon, qui a choisi une position défensive au sud du Mont-Saint-Jean, attaque les troupes de Wellington à onze heures trente. Il a envoyé Grouchy poursuivre Blücher et ses Prussiens jusqu’à Wavre. Mais ceux-ci le contournent et reviennent en force vers Waterloo.