Marie-Caroline est belle. Pleine de grâce et de légèreté, elle séduit tous ceux qui l’approchent, et, ce jour de juin 1816, lorsque, délaissant tout protocole, elle court se jeter aux pieds du roi et du duc de Berry, les témoins de cette rencontre sont à la fois attendris et conquis par celle qui pourrait devenir reine de France. Le 17 juin 1816 a lieu le mariage dans la cathédrale Notre-Dame. Trente-six carrosses dorés, décorés de plumes, prennent ensuite la direction des Tuileries ! C’est le bonheur.
Marie-Caroline rayonne ! Elle conquiert bientôt le cœur de la France entière ! La tragédie du 13 février 1820 la jette dans l’ombre jusqu’en 1832 où elle tente de revenir sur la scène politique pour assurer l’avenir de son fils le comte de Chambord. Après avoir débarqué dans des conditions difficiles à Marseille, elle rejoint la Vendée où elle espère rallier de nombreux partisans. Mais les temps ont changé : ils ne se manifestent guère !
Entrée dans la clandestinité, elle vit en nomade, de château en château, de ferme pauvre en grange à foin. Elle se réfugie enfin dans une soupente à Nantes où, trahie, elle est arrêtée puis conduite en détention à Blaye. Déshonorée parce que mère en 1833 d’une fille de père inconnu, elle est privée d’avenir politique. Elle meurt en 1870.
Le roi Louis XVIII est mort
La gangrène ! C’est ce qui a emporté Louis XIV, c’est ce qui emporte son arrière-arrière-arrière-petit-fils, Louis XVIII : son pied et sa colonne vertébrale en sont atteints ! Au début de septembre 1824, le roi, diabétique depuis son enfance, s’est alité pour ne plus se relever. Cependant, il ne perd pas l’esprit qui le caractérise : son médecin Portal, le croyant inconscient, demande à ses aides : « Qu’on lui enlève sa chemise ! » Et Portal entend son royal patient lui répondre : « Monsieur Portal, je m’appelle Louis XVIII, vous devez donc dire : Qu’on enlève la chemise de sa majesté ! »… Et puis Louis XVIII s’excuse auprès de la duchesse d’Angoulême d’une syncope dont il a été victime la veille : « Madame, quand on meurt, on ne sait pas très bien ce qu’on fait »…
Le 15 septembre, il prend congé de sa famille. Le soir, il entre en agonie par une chaleur étouffante. On recouvre de paille les rues qui environnent le Palais des Tuileries afin que le bruit des charrois ne trouble pas le repos du souverain moribond. Dans la nuit 16 septembre 1824, à quatre heures du matin, Louis XVIII ne respire plus. On approche de sa bouche une bougie dont la flamme demeure parfaitement verticale. C’est fini.
À soixante-sept ans, le comte d’Artois devient Charles X, en remplaçant Louis XVIII sur le trône de France. Il annonce immédiatement la couleur : ce sera la cocarde blanche. Il se fait sacrer à Reims, comme au bon vieux temps de sa chère monarchie absolue. Son habit de sacre est violet, des esprits bien informés et bien intentionnés font alors courir le bruit que le roi s’est fait évêque et qu’il va célébrer chaque matin la messe aux Tuileries ! La presse reprend avec une certaine mauvaise foi cette information : les journalistes n’ignorent pas, en effet, que Charles X porte le deuil de son frère et que la couleur du deuil royal est le violet…
L’ultraroyalisme se développe d’autant plus rapidement pendant le règne de Charles X que la révolution de 1789 a traumatisé le nouveau roi : il craint en permanence qu’un complot se prépare contre sa personne. Des décisions sont prises par son parti, qui ne sont pas forcément les meilleures pour calmer l’opposition :