Dans la nuit du 27 au 28 juillet, on dépave les rues, on prépare les munitions et les armes après avoir pillé les magasins d’armurerie, on brise les réverbères. Tout cela en criant « À bas les Bourbons ! » Le 28 juillet, les rues sont couvertes de tessons de bouteille, les arbres des grands boulevards ont été abattus ; une partie de la troupe va bientôt fraterniser avec le peuple. Le 29, le Palais Bourbon est pris par les insurgés qui, vers treize heures, envahissent le Louvre.
Une commission municipale s’installe à l’Hôtel de Ville, se proclame gouvernement provisoire. Ses membres font partie de la société
Le 30 juillet, les Parisiens ont pu lire sur les murs une affiche dont le texte a été rédigé par Adolphe Thiers, un libéral, ami de Talleyrand et du banquier Laffitte : « Charles X ne peut plus entrer dans Paris : il a fait couler le sang du peuple. La République nous exposerait à d’affreuses divisions : elle nous brouillerait avec l’Europe. Le duc d’Orléans est un prince dévoué à la Révolution. Le duc d’Orléans ne s’est jamais battu contre nous. Nous n’en voulons point d’autre ! » Le duc d’Orléans est le fils de Philippe-Égalité qui est mort sur l’échafaud et qui a voté la mort de Louis XVI ! Le duc d’Orléans, descendant du frère de Louis XIV, va devenir non pas le roi de France, mais, dans un souci de rapprochement avec le peuple, roi des Français ! Le 31 juillet 1830, le nouveau roi qui prend le nom de Louis-Philippe se rend à l’Hôtel de Ville où La Fayette l’accueille. Un grand drapeau tricolore a été préparé. La Fayette en enveloppe Louis-Philippe, l’embrasse. La foule qui adore les signes, les symboles et les paraboles, applaudit à tout rompre, sans s’apercevoir que le parti bourgeois confisque sous ses yeux, sous ses vivats, le bénéfice des Trois Glorieuses…
Louis XIX ou Henri V ?
Déposé par le peuple des Trois Glorieuses, Charles X fait mijoter l’illusoire petite cuisine de sa succession. Voyons, qui pourrait bien prendre la suite ? Le dauphin, évidemment ! Charles X signe donc son abdication le 2 août 1830. À ses côtés se tient le duc d’Angoulême – le dauphin – à qui il tend la plume, lui proposant de signer aussi, ou de ne pas signer, son abdication. La France, en cet instant, a donc un nouveau roi : Louis XIX. Mais la plume se pose sur l’acte de renoncement, Louis XIX abdique après deux minutes de pouvoir ! Il reste Henri V, le fils de Marie-Caroline et du duc de Berry assassiné en 1820. Le petit roi de dix ans, vêtu d’un uniforme de colonel de cuirassiers, modèle réduit, est présenté à la troupe royale, enthousiaste. Mais ce sera tout ! Avant 1873…
Les Trois Glorieuses se déroulent à la fin de juillet. La monarchie qui en est issue va porter le nom de ce mois de plein été : la Monarchie de Juillet.