5 juin 1832. On se bat derrière la barricade de la rue de la Chanvrerie – supprimée aujourd’hui par la rue Rambuteau, elle reliait les rues Saint-Denis et Mondétour – dans le quartier des Halles. Pendant que les balles sifflent, un petit garçon, passé devant la barricade, chante en allant, de mort en mort, vider les gibernes ou les cartouchières : On est laid à Nanterre / C’est la faute à Voltaire / Et bête à Palaiseau / C’est la faute à Rousseau… Soudain, une balle mieux ajustée que les autres atteint l’enfant feu follet. Il tombe, se redresse, s’assied sur son séant, un long filet de sang raie son visage. Il chante encore : Je suis tombé par terre / C’est la faute à Voltaire / Le nez dans le ruisseau / C’est la faute à… Il n’achève pas. Une seconde balle l’arrête. Il s’abat, la face contre le pavé. Sa petite grande âme vient de s’envoler. Vous l’avez reconnu à travers les mots de l’imaginaire hugolien : Gavroche, le fils des Thénardier ! Non loin se trouvent Jean Valjean, Marius et Javert, encore vivant…
Deux ans plus tard, le 9 avril 1834, débute la seconde insurrection des canuts, les députés ayant voté une loi restreignant la liberté des associations. L’armée occupe la ville, tire sur la foule désarmée. Les ouvriers s’organisent, prennent d’assaut des casernes, élèvent des barricades. Le 10 avril, le drapeau noir flotte sur Fourvière. Le 11, le quartier de la Croix-Rousse est bombardé par la troupe ! À Paris, des barricades s’élèvent dans le Marais ; 40 000 soldats mobilisés sont dépêchés par Adolphe Thiers et Bugeaud pour mater la révolte.
Partout, l’agitation sociale menace en même temps que l’industrialisation se développe. En 1847, plus de six millions d’ouvriers travaillent en France, pour la production de soie, d’étoffes, mais aussi pour celle du fer qui sert à construire des machines, notamment des machines à vapeur, et pour extraire des mines ce qui alimente ces machines, le charbon ! L’industrie du fer est en plein essor. C’est l’époque de la naissance d’usines métallurgiques, comme l’usine Schneider du Creusot qui est la plus grosse entreprise française – les conditions de travail y sont déplorables.
Le chemin de fer commence à se développer, malgré les réticences des investisseurs bourgeois et de la population. La première ligne, entre Paris et Saint-Germain, est inaugurée le 24 août 1837 ; mais, le 8 mai 1842, la première catastrophe ferroviaire a lieu à Bellevue, sur la ligne Paris-Versailles : les wagons déraillent, le convoi prend feu. Les passagers cherchent à sortir mais ne le peuvent pas : les portières sont fermées à clé après le départ ! On dénombre 150 morts, dont Dumont d’Urville, le découvreur de la Terre Adélie – du prénom de sa femme. Le découvreur de la
Bugeaud, la casquette et le choléra
Bugeaud avait-il une casquette si remarquable qu’elle demeure l’élément de sa personne, et presque de sa vie, qu’on connaît le mieux ? Oui, il semble que cette casquette était en réalité une sorte de shako auquel il avait fait ajouter une visière arrière afin de se protéger du soleil. La conquête de l’Algérie qu’il a menée de 1836 à 1844, malgré l’habile résistance de l’émir Abd el-Kader, en fut sans doute facilitée… Cette conquête fut musclée, effectuée par de redoutables colonnes expéditionnaires. Elle lui valut le bâton de maréchal. Il mourut du choléra le 10 juin 1849.