Louis-Philippe est mort dans son lit, le 26 août 1850, en Angleterre !
Chapitre 17
1848 à 1870 : La IIe République, le second Empire : l’économie décolleL’Europe entière souffre en 1848, la crise qui l’atteint ne va pas épargner la France qui vit sa IIe
République.Mauvaises récoltes de pommes de terre, de blé, inondations catastrophiques, la Loire, le Rhône débordent. 50 % des ouvriers du textile au chômage, et tous les jours des usines qui ferment. Les travaux du chemin de fer s’arrêtent. Les riches eux-mêmes perdent le moral ! Cette crise est non seulement française, mais européenne : l’hiver 1847-1848 est d’une telle rigueur que les ouvriers berlinois meurent en grand nombre. En Irlande, la famine fait un million de morts ! En France, rien ne va s’améliorer : le prix du pain ne cesse d’augmenter, les faillites se multiplient, le nombre de chômeurs dépasse un million – pour environ trente-cinq millions d’habitants.
Que faire ? Même s’il n’est guère possible d’agir sur les événements climatiques, ou sur la conjoncture européenne, des mesures d’urgence peuvent être prises afin de soulager la misère du peuple. Mais le gouvernement de Guizot ne veut pas en entendre parler : il est coupé des réalités par un système électoral qui approuve automatiquement tout ce qu’il fait, tout ce qu’il pense. L’opposition décide alors de lancer une grande campagne de banquets ! L’idée peut paraître étrange, mais c’est le seul moyen de diffuser des idées de réforme dans une France tenue en laisse par le parti bourgeois qui surveille tout. Au cours de soixante-dix banquets est lancée l’idée que tout peut changer avec un peu de chance et d’audace ! Guizot et le roi informés de la situation ne veulent rien entendre. Il est alors décidé d’organiser à Paris un grand banquet qui sera suivi d’une manifestation.
La manifestation et le banquet sont interdits. Qu’importe ! Le jour prévu, le 22 février 1848, la foule se rassemble de La Madeleine au Palais-Bourbon. Des incidents éclatent et font un mort. Cela n’empêche pas Adolphe Thiers d’aller dormir en disant à qui veut l’entendre que les régiments de dragons ont ramené le calme et que tout est rentré dans l’ordre. Pour lui, tout est fini. En réalité, tout commence le lendemain, le 23 février. Sous une pluie battante, les manifestations reprennent : on demande la démission de Guizot, on veut la réforme du code électoral, et même le suffrage universel ! Guizot est donc le jour même renvoyé.
Vers neuf heures du soir, boulevard des Capucines, un coup de feu part. La troupe harcelée par des jets de pierres depuis le matin croit à un signal et ouvre le feu sur les manifestants : cinquante-deux d’entre eux sont fauchés par la mitraille ! On charge leurs corps sur des charrettes qui sont promenées toute la nuit dans la capitale. Partout s’élève un cri : « On égorge le peuple ! » Le lendemain, le 24 février 1848, Louis-Philippe abdique en faveur de son petit-fils, le comte de Paris. Alors apparaît en pleine lumière celui qui est chéri dans le cœur de ces dames – et dans l’esprit des hommes – : le poète Alphonse de Lamartine. Depuis des années, il œuvre pour améliorer le sort des classes populaires. C’est lui qui va former le gouvernement provisoire.