Dans un discours qu’il prononce à Bordeaux, le 9 octobre 1852, le prince-président Napoléon affirme que, si l’Empire ce fut la guerre, pour lui, l’Empire, c’est la paix. Le 16 octobre, il fait une entrée triomphale à Paris où il peut lire, à l’entrée du jardin des Tuileries : « À Napoléon III, empereur, sauveur de la civilisation moderne », et c’est signé : « Les ouvriers reconnaissants » ! Il ne reste plus qu’à passer à l’action : le vote des 21 et 22 novembre rétablit l’Empire par 7 900 000 oui, contre 250 000 non ! Le 2 décembre 1852, le prince-président Louis-Napoléon devient officiellement l’empereur Napoléon III.
Belle et charitable Eugénie
Dans Eugénie, il y a génie. D’après les témoignages des contemporains du second Empire, l’Eugénie que Napoléon III épouse le 29 janvier 1853 n’en possède guère en politique. Son père est un noble d’Espagne, sa mère qui a eu pour amis Mérimée et Stendhal est la fille d’un marchand de vin et de légumes. Habilement pilotée par sa mère, Eugénie se retrouve dans les bras de Napoléon III qui l’épouse, lui est fidèle trois mois, et la laisse s’occuper de politique afin qu’elle ne lui fasse pas trop de ces scènes de jalousie dont elle est coutumière. Très populaire – elle est belle et charitable –, l’impératrice Eugénie donne à son mari volage un héritier, le 16 mars 1856 : le prince impérial Louis. Elle est inspirée en affaires : elle apporte son soutien à son cousin Ferdinand de Lesseps pour le percement de l’isthme de Suez. Elle l’est moins en politique : c’est elle qui pousse son mari à intervenir au Mexique, à soutenir Maximilien, jusqu’au désastre ; c’est elle qui lui conseille de déclarer la guerre à la Prusse en 1870…
L’obsession de Napoléon III : faire de la France une grande puissance ! Pour atteindre cet objectif :
Afin de rompre la traditionnelle alliance des États chrétiens d’Europe contre l’Empire français, et de démontrer la validité de son assertion initiale « L’Empire, c’est la paix », Napoléon s’allie avec l’Angleterre afin de repousser l’avance russe en mer Noire, et de défendre les Turcs, afin de pouvoir s’installer peut-être dans ces zones fort convoitées... C’est la guerre de Crimée qui commence en 1854.
Haussmann aime Paris, il veut lui donner un visage de ville ouverte et moderne. Les grands travaux qu’il entreprend font encore aujourd’hui de la capitale l’une des plus belles villes du monde. Les capitaux et les locomotives se mettent à circuler, à prendre de la vitesse… La France devient prospère.
Les petites rues où des barricades poussent en cinq minutes, ça suffit ! Il faut transformer Paris, embellir la capitale, et surtout créer de larges et longues avenues où on puisse, en cas de besoin, transporter rapidement l’artillerie nécessaire à mater les révoltes ! Mais ce n’est pas seulement cet objectif militaire qui commande la transformation de Paris. La ville du Moyen Âge est insalubre, beaucoup de maisons menacent de s’effondrer. Les rats pullulent dans les rues, dans les caves. Les égouts sont inefficaces. Tout cela va être transformé par Haussmann en dix-sept années de travaux gigantesques qui, parfois, dans l’enthousiasme mal maîtrisé, suppriment ici une église chargée d’histoire, là une abbaye, là encore un théâtre… Mais apparaissent les grands axes est-ouest, nord-sud. En dix ans, de 1858 à 1868 :