Napoléon III – conseillé, entre autres, par Eugénie - déclare alors la guerre à la Prusse le 19 juillet. Bismarck est ravi ! C’est pour lui le dernier acte de l’unité allemande ! Le réseau de chemin de fer très développé en Allemagne permet aux Prussiens de se porter en très peu de temps sur le Rhin, avec leur puissante artillerie. L’armée française, dont beaucoup d’officiers ne possèdent pas même une carte d’état major de la région où ils se trouvent, recule dès les premiers affrontements. Bazaine se laisse enfermer dans Metz. Le 31 août, l’armée qui vole à son secours est encerclée à Sedan, d’où le 2 septembre Napoléon III décide de sortir afin de se rendre au vainqueur – l’empereur n’est pas en mesure de commander son armée : il souffre horriblement de calculs de la vessie, au point qu’il faut le monter sur son cheval. C’est un désastre ! En deux jours, à Sedan près de 20 000 soldats français ont été tués ou blessés, 83 000 autres sont faits prisonniers ! Longtemps, les Prussiens fêteront cette victoire rapide sous le nom de Sedantag, le jour de Sedan !
Chapitre 18
1870 à 1914 : La croissance tourmentée de la IIIe République
Dans ce chapitre
: En même temps que les Prussies, devenez les témoins de la Commune de Paris
Assistez à la naissance de la IIIe République
Suivez le déroulement de l’affaire Dreyfus
Comprenez comment s’est installée une laïcité à la française
L
a IIIe République couvre la période allant de 1870 à 1940. En réalité, elle naît vraiment dans les faits en 1875. Si elle apporte de réels progrès sociaux en offrant aux Français l’école primaire gratuite et obligatoire, elle est traversée par la fantaisie simpliste du boulangisme. Elle est surtout marquée par l’antisémitisme montant : le capitaine Alfred Dreyfus est accusé à tort d’espionnage au profit des Allemands, il est condamné au bagne en 1894. Il n’est complètement acquitté qu’en 1906 ! Jaurès qui avait défendu Dreyfus tente ensuite d’éviter la guerre contre les Allemands. En vain…
Pression prussienne et incertitude politique
Ils sont là ! Ils sont aux portes de Paris, sûrs d’eux, arrogants, exigeants. La France entière attend on ne sait trop quel sursaut de patriotisme : c’est la capitulation qui devient la solution la plus plausible et la plus insupportable. La Commune de Paris va résister avant d’être écrasée par les Versaillais, la royauté va s’accrocher de façon pathétique et dérisoire à son drapeau blanc… La République en gestation se cherche.
Les Prussiens à Paris
Après l’euphorie qui suit la chute du second Empire, les suites de la défaite de Sedan sont catastrophiques : les Prussiens encerclent Paris, s’en vont à Versailles où ils proclament leur... IIe
Reich, leur second Empire !Vive la République !
Napoléon III vaincu ? Napoléon III en fuite vers Kassel en Westphalie ? C’est la liesse à Paris ! Partout retentissent des « Vive la République » ! Le dimanche 4 septembre 1870, elle est proclamée. Un gouvernement provisoire est composé par les députés de Paris qui se choisissent un président : le général Louis-Jules Trochu. Celui-ci sollicité accepte à condition que chacun de ses ministres se fasse le défenseur de la famille, de la propriété et de la religion. Il affirme alors posséder un « plan de défense » de la capitale. Ne voyant rien s’organiser pour défendre leur ville, les Parisiens font du « plan Trochu » un sujet de plaisanterie. En réalité, dans l’esprit du nouveau président, le seul plan qui soit applicable pour sauver la capitale, c’est la capitulation…
S’il n’en reste qu’un…
Jamais le second Empire ne s’est enraciné dans les cœurs, seulement dans les portefeuilles qui se sont bien garnis et ne font jamais de sentiment. Le lundi 5 septembre, Victor Hugo est de retour à Paris après dix-huit ans d’exil. « S’il n’en reste qu’un, je serai celui-là », avait-il promis, jurant ainsi qu’il ne reviendrait pas avant que son ennemi, Napoléon le Petit, soit parti ! Il a tenu parole. Il est accueilli en triomphe et ne sait plus où donner de la formule pour satisfaire ses admirateurs qui réclament, presque à chaque carrefour, un discours : « Paris va terrifier le monde ! », s’écrie-t-il entre deux salves d’applaudissements ; puis : « Le Panthéon se demande comment il va faire pour recevoir tous les héros du peuple qui vont bientôt mériter son dôme ! » Ça fait beaucoup…
Bismarck veut l’Alsace, la Lorraine et ses minerais…