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Comme des chenilles processionnaires, les soldats du gouvernement de Thiers ont envahi les XVIIIe et XIXe arrondissements. On leur a dit que les canons qu’ils doivent rapporter ont été dérobés à l’État par des voleurs et des assassins – les Parisiens. Vers dix heures du matin, les soldats tiennent toute la Butte-Montmartre. Ils attendent les chariots pour transporter les canons. Chariots qui n’arrivent pas. Les femmes de la Butte sortent alors de leurs logis, elles apportent des boissons et des sourires qui réchauffent les hommes de troupe. Beaucoup se laissent gagner par leur sympathie et passent du côté des fédérés. Bientôt, aux battements des cœurs pleins d’espoir de paix, le tocsin répond, se met à sonner ! Le général Lecomte qui commande la troupe gouvernementale menace de mort ceux qui viennent de déserter. Les repérant dans la foule mêlée de femmes, d’hommes et d’enfants, il les fait mettre en joue, crie « Feu ! », mais ses soldats lèvent la crosse, fraternisent avec les Montmartrois dans la liesse générale. Au milieu de l’après-midi, Lecomte et un autre général, Clément Thomas, sont emmenés au Château-Rouge. Ils sont exécutés contre le mur d’un jardin, de plusieurs balles à bout portant.

Thiers panique !

Quoi ? Les soldats fraternisent avec le peuple ? Au ministère des Affaires étrangères, Thiers est pris de panique ! Il s’enfuit à Versailles, suivi de nombreux bourgeois que le pouvoir de la rue effraie. Le 18 mars 1871, à onze heures du soir, le comité central de la Commune – nom qui sera adopté le 26 mars – est installé à l’Hôtel de Ville de Paris. C’est l’enthousiasme général dans un Paris plein de rêves et de printemps. Jules Vallès, l’écrivain, l’insurgé, exulte ; dans son journal Le Cri de Paris, il parle de flambée d’espoir et de parfum d’honneur. Cette flambée, ce parfum vont durer soixante-douze jours, pas un de plus.

Un mouvement parisien

Du 18 au 26 mars, le printemps de la capitale se répand en province : Toulouse, Narbonne, Marseille, Lyon, Saint-Étienne installent des communes autonomes, mais elles sont vite supprimées par les autorités en place. Malgré le soutien apporté par certains départements, par des pays européens, le mouvement va demeurer essentiellement parisien, manquant de temps, d’argent – les réserves de la banque de France ne seront pas touchées par les communards qui ne veulent pas être pris pour des voleurs, alors que Thiers en bénéficiera pour atteindre ses objectifs – pour s’organiser et se développer.


La commune : une idée du Moyen Âge

L’idée de la commune est née de l’essor du commerce au XIe siècle. La commune, c’est un groupe humain correspondant à une ville, petite ou moyenne, dans laquelle les liens entre les individus vont être renforcés par un pacte de concorde, par l’assurance que chacun va agir pour la paix. Il s’agit pour les gens des villes, quelles qu’elles soient, de s’assurer une sorte d’indépendance par rapport au seigneur. Indépendance morale et financière. Leur direction est assurée par les membres les plus influents du groupe – en général par les marchands fortunés. La ville draine le fruit du commerce qu’elle effectue, elle redistribue ses richesses, notamment par l’utilisation du crédit.

Peu à peu, au XIIe siècle, les communes favorisent l’émergence de la classe bourgeoise qui concurrence l’aristocratie et le clergé. Elle permet également à beaucoup de petites villes, de petits bourgs de demander l’exemption des charges les plus lourdes exigées par le pouvoir central. Celui-ci va réagir avec Louis IX – Saint-Louis – qui, voyant le pouvoir monarchique s’émietter et prendre le risque de disparaître, exige de tous les maires, en 1256, un état annuel des comptes de leur commune. Le pouvoir central reprend ses droits, par la ruse ou par la force, et peu à peu, les communes se fondent dans l’unité nationale. Mais jamais l’idée de commune n’a disparu. Elle revit pendant la Révolution, entre 1789 et 1795. Elle renaît en 1871, pour soixante-douze jours.

Plus de pain frais !

Les séances de la Commune, à Paris, sont brouillonnes et houleuses dans les premiers jours. Cependant, des décisions sont prises :


Le drapeau rouge est adopté.

Le calendrier révolutionnaire est rétabli.

Le 2 avril 1871, la séparation de l’Église et de l’État est votée.

La laïcité est proclamée.

L’enseignement devient entièrement gratuit pour les garçons et pour les filles.

Des écoles professionnelles sont ouvertes.

Tous ceux qui ont déposé des effets au Mont-de-piété peuvent aller les reprendre gratuitement.

Le travail de nuit des boulangers est supprimé – mesure qui désole les Parisiens qui adorent le pain frais…

Le traitement des fonctionnaires est limité, le cumul des fonctions, interdit.

Les jeux de hasard sont interdits, les maisons de tolérance fermées, les ivrognes arrêtés.

Attaqués par des bêtes féroces

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