Trente mille victimes
Le bilan de la Commune – ou guerre civile – est terrible : plus de 30 000 victimes en une semaine ! La Terreur en 1793-1794 en avait fait cinq fois moins en cinq fois plus de temps ! Les survivants sont arrêtés et jugés. Des milliers de condamnations à mort, aux travaux forcés ou à la déportation en Algérie, en Nouvelle-Calédonie sont prononcées. Thiers triomphe et justifie son action en transmettant aux préfets cette déclaration : « Les condamnations doivent apprendre aux insensés qu’on ne défie pas en vain la civilisation. » Autre déclaration, celle d’Émile Zola : « Ceux qui brûlent et qui massacrent ne méritent pas d’autre juge que le coup de fusil d’un soldat ! Une justice implacable a été conduite dans les rues. Les cadavres se sont décomposés avec une rapidité étonnante, due sans doute à l’état d’ivresse dans lequel ces hommes ont été frappés ! »… À l’issue de la Commune, Paris a perdu ses peintres, ses plombiers, ses couvreurs, ses cordonniers, sa foule de petits artisans, ses rêves d’indépendance. Il faudra attendre une quarantaine d’années avant que la Commune de Paris quitte l’optique des Versaillais qui la présentaient comme l’action irréfléchie d’une masse d’ivrognes en goguette ! Seuls Verlaine, Rimbaud et Victor Hugo eurent pour elle un regard lucide et généreux. Flaubert, dans sa correspondance, veut noyer tous les communards, tous les ouvriers dans la Seine… Théophile Gautier, les frères Goncourt, Ernest Renan, Alphonse Daudet, George Sand sont du même avis…
La brasserie
Le 26 février 1871, les préliminaires de paix avaient été signés avec Bismarck. Le 10 mai suivant, à Francfort, le traité de paix définitive confirmait la dette de cinq milliards de francs-or due par la France – occupée jusqu’à la fin du paiement. Aux Alsaciens-Lorrains qui vont devenir Allemands est proposée une clause d’option : jusqu’au 1er octobre 1872, les habitants ont le droit d’adopter la nationalité française, à condition d’émigrer en France. Soixante mille d’entre eux – sur un total de 1 600 000 – vont opter pour la nationalité française et s’installer dans les grandes villes – à Paris, par exemple, un certain Lipp installe sa brasserie – ou en Algérie. Après la Commune, Thiers décide de régler rapidement la dette de guerre. Deux emprunts sont alors émis en France et couverts bien au-delà des besoins, ce qui témoigne de la richesse incroyable d’une certaine partie du pays. En septembre 1873, six mois avant l’ultime échéance prévue, la dette est payée, le territoire est libéré de la présence prussienne !
Le comte de Chambord – Henri V, le fils de Marie-Caroline et du duc de Berry assassiné – annonce la couleur : si on veut de lui sur le trône, ce sera la cocarde blanche. Sinon, rien !