Un mot : république. Il n’était utilisé depuis la défaite de 1870 qu’à titre provisoire et non officiel. S’il existait dans les esprits, il n’était pas encore inscrit dans les textes. Il fait son apparition de façon presque accidentelle dans un amendement voté en janvier 1875. La IIIe
République, indécise depuis le 4 septembre 1870, est ainsi fondée. Elle disparaîtra le 10 juillet 1940.Bref, étant donné l’étendue de ses pouvoirs, le président de la République est presque un roi !
Avant d’installer les deux nouvelles chambres, celle des députés et le Sénat, il faut les élire. Les élections ont lieu en février et mars 1876. Leur résultat est sans appel : 360 républicains, 160 monarchistes ! Quel chef de gouvernement (Premier ministre) choisir ? Mac-Mahon, toujours aussi monarchiste – et président – refuse de prendre le républicain Gambetta qui a été élu dans plusieurs circonscriptions – comme Thiers, soixante-dix-neuf ans, qui disparaît un an plus tard. Gambetta lance alors, dans un discours à l’Assemblée, le fameux : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » Mac-Mahon n’en a cure : il a choisi le républicain modéré Jules Simon pour chef de gouvernement, mais, le 16 mai 1877, à la suite d’une critique du président sur son rôle dans un débat concernant la presse, Jules Simon démissionne.
Mac-Mahon remplace Simon par le monarchiste Broglie, puis dissout la Chambre des députés avec l’accord du Sénat. Il espère qu’à l’issue de nouvelles élections, les monarchistes seront de retour ! Gambetta – spécialiste en formules qui demeurent – résume ainsi la situation : « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, il faudra se soumettre ou se démettre ! » Octobre 1877, les élections ont lieu. Les républicains l’emportent : Mac-Mahon ne se démet pas immédiatement : il renvoie Broglie, prend des ministres de la majorité. En janvier 1879, les larmes aux yeux, il s’en va !
Jules Ferry, ministre, puis président du conseil du président Jules Grévy, a deux objectifs : chasser les jésuites afin d’instaurer la laïcité en France, et développer les colonies afin de favoriser le placement des capitaux.
Il aura donc fallu, huit années, de 1871 à 1879, pour que la république s’installe définitivement. Pendant ces huit années, l’économie de la France, exsangue après l’invasion prussienne, s’est relevée rapidement. Les banques ont ouvert leurs portes et leurs coffres, les ouvriers ont retrouvé du travail, l’industrie progresse, les ports sont plus prospères qu’à la fin du second Empire. Cette réussite acquise en moins de dix ans va s’afficher triomphalement lors de l’Exposition universelle de 1878, inaugurée par Mac-Mahon, quelques mois avant sa démission. Le discours qu’y prononce Gambetta se termine par une nouvelle formule, sans doute moins inspirée, mais qui fait parfaitement écho aux palais du Champ-de-Mars et du Trocadéro, érigés pour l’occasion, et qui seront rapidement détruits : « La France est un éblouissement pour le monde ! »