Déçus, ruinés, ou les deux à la fois, les petits – et moins petits – épargnants vont se tourner alors vers des placements sûrs ou qu’ils jugent tels : ils commencent, en 1892, par les emprunts russes… C’est le début d’investissements à l’étranger qui vont provoquer l’exportation de sommes considérables, sommes qui, pour certaines, ne reviendront jamais. Par ailleurs, cet argent que les épargnants tentent de faire fructifier sous d’autres cieux va cruellement manquer à la modernisation de l’économie française.
L’affairisme, l’enrichissement de la bourgeoisie provoquent une violente réaction anarchiste. « La société est pourrie ! Partout, dans les ateliers, dans les champs, dans les mines, il y a des êtres humains qui travaillent et souffrent, sans pouvoir espérer acquérir la millième partie du fruit de leur travail ! » C’est sur cette profession de foi que repose la vague d’attentats qui va secouer la France – Paris surtout – entre 1892 et 1894, se terminant par l’assassinat du président de la République, Sadi Carnot. Lorsqu’il est jugé, l’anarchiste Émile Henry ajoute à cette profession de foi un complément qui explique ainsi l’action du groupe auquel il appartient : « Nous livrons une guerre sans pitié à la bourgeoisie ! » Voici la liste des actions menées jusqu’en 1894 :
Six mois et dix-huit jours !
Sadi Carnot assassiné, c’est Jean-Casimir Perier qui est élu président de la République. C’est un républicain modéré qui va être rapidement handicapé par son immense fortune. En effet, ses adversaires le surnomment Casimir-Perier d’Anzin, sachant que le nouveau président est le principal actionnaire de ces mines où souffrent quotidiennement des milliers de mineurs. Jaurès et les socialistes l’attaquent avec tant de virulence qu’il jette l’éponge, donnant sa démission le 16 janvier 1895. C’est le mandat le plus court de l’histoire de la République : six mois et dix-huit jours !
Jamais la perte de l’Alsace et de la Lorraine – et de ses riches minerais… – n’a été admise en France, l’esprit de revanche ne cesse de se développer. La tension est vive pour tout ce qui concerne les relations entre la France et la Prusse. Tout est surveillé, même les corbeilles à papier ! C’est dans l’une d’elles qu’est découvert, à l’ambassade d’Allemagne, un bordereau rédigé par un officier français. Ce bordereau annonce l’envoi de documents confidentiels à l’attaché militaire allemand Schwarzenkoppen.