Le 8 juillet 1898, le colonel Picquart, dans une lettre ouverte au président du Conseil, affirme que les pièces qui ont fait condamner Dreyfus en 1894 sont des faux. Cinq jours plus tard, il est arrêté et emprisonné ! Esterhazy est également emprisonné, mais pour escroquerie. En août, coup de théâtre : convoqué le 30 par le ministre de la Guerre Godefroy Cavaignac, le colonel Henry avoue enfin avoir créé de toutes pièces de faux documents pour faire condamner Dreyfus ! Aussitôt, il est enfermé au mont Valérien ; on prend le soin de lui laisser des affaires de toilette, dont son rasoir. Le lendemain, 31 août, Henry est retrouvé mort ! Le scandale est énorme. Le ministre démissionne. Son remplaçant, Dupuy, ordonne la révision du procès.
Félix Faure sans connaissance
Le médecin : « Monsieur le Président a-t-il toujours sa connaissance ? » Les domestiques : « Non ! On l’a fait sortir par derrière ! » C’est le dialogue qu’on a pu entendre le 16 février 1899 à l’Élysée : le président de la République Félix Faure – très hostile à la révision du procès Dreyfus – vient d’avoir un malaise dans les bras de sa « connaissance » Marguerite Steinhel, une demi-mondaine. Il ne s’en relèvera pas. Le président Soleil comme on l’appelait à cause de son goût pour le faste – c’est un ancien ouvrier qui a fait fortune – collectionne les conquêtes jusqu’à ce jour fatal. Il n’est pas le seul : Clemenceau affiche lui aussi une robuste santé, multipliant les aventures féminines – son épouse américaine se console dans les bras de ses amants jusqu’au jour où le Tigre la découvre en pleine consolation, et la renvoie aux États-Unis, en troisième classe sur le bateau, après en avoir divorcé ! La palme de la vigueur revient sans doute à Ferdinand de Lesseps : à soixante-quatre ans, il épouse une jeune fille de vingt-deux ans qui lui donnera douze enfants ; ce qui ne l’empêche pas de rendre des visites régulières dans les maisons closes. À quatre-vingt-cinq ans, il manifeste encore sa présence auprès de trois ou quatre de leurs pensionnaires, plusieurs jours par semaine…
Dreyfus quitte l’île du Diable. Il débarque en août 1899 à Quiberon. Il est transféré à Rennes où s’ouvre son second procès. Le 11 septembre, Dreyfus est reconnu… coupable avec circonstances atténuantes ! Le verdict paraît absurde : le nouveau président de la République, Émile Loubet, gracie le capitaine Dreyfus. Mais ses défenseurs souhaitent un acquittement complet. Il n’interviendra que le 12 juillet 1906, sous le gouvernement de Clemenceau. Le jugement cassé, Dreyfus réintégrera l’armée avec le grade de chef d’escadron. Picquart, celui dont le courage a fait éclater la vérité, sera nommé d’abord général, puis ministre de la Guerre de Clemenceau !
Dreyfus cible d’un exalté
Le jeudi 4 juin 1908, en présence du président de la République Armand Fallières, de nombreuses personnalités politiques et d’une foule importante, les cendres d’Émile Zola, mort asphyxié dans sa chambre en 1902 – les causes de cette asphyxie demeurent mystérieuses –, sont transférées au Panthéon. Soudain, un exalté, Suthelme, dit Grégory, reporter militaire au journal Le Gaulois, tire deux coups de feu sur le commandant en retraite Alfred Dreyfus qui avait pris place près du catafalque ! Alfred Dreyfus est légèrement blessé à l’avant-bras droit. Profondément marqué par toute l’affaire qu’il a vécue avec beaucoup de courage et de dignité, Dreyfus s’éteindra à Paris en 1935. Yves Duteil, l’auteur de la chanson
La loi du 1er
juillet sur les associations va avoir des conséquences considérables sur le progrès de la laïcité.