Elle ne recule devant rien, Frédégonde, le crime ne l’effraie pas, tous les moyens sont bons pour conserver le pouvoir. Pauvre, pauvre Galswinthe ! La belle Frédégonde ne digère pas son retour aux fourneaux. Elle retrouve bientôt le chemin du lit royal. Et bientôt, Galswinthe est retrouvée étranglée dans son lit. Devinez qui a ordonné ce meurtre ? Certains ont prétendu que Frédégonde avait mis Chilpéric au défi de le faire, et qu’il le fit. D’autres disent que c’est Frédégonde elle-même qui étrangla sa rivale. Enfin, on pense plutôt qu’un esclave accomplit consciencieusement la tâche qu’on lui avait confiée, inaugurant ainsi une série de crimes qui rendent cette époque proche parente de ce qui se passe dans les
Chilpéric vaincu, Sigebert à ses trousses, se réfugie dans la ville de Tournai avec femme et enfants. C’en est fait de lui, de sa puissance, de ses possessions ! Sigebert triomphant s’installe dans la capitale de son frère : Paris. Il y fait venir sa femme, la reine Brunehaut qui arrive avec ses deux filles et son fils. Les Parisiens lui font un triomphe. Ses chariots regorgent de trésors. La même année, Sigebert devient officiellement roi de Neustrie, dépossédant de son royaume son frère Chilpéric, au cours d’une cérémonie qui se déroule à Vitry-en-Artois, près d’Arras. Il y est allé seul, sans Brunehaut. Sa victoire est bien courte : Frédégonde, la terrible reine vaincue qui rumine dans Tournai sa défaite aux côtés de Chilpéric, a dépêché deux sicaires (de sica, en latin, qui signifie poignard) qui plantent leur scramasaxe – le poignard franc – dans la poitrine de Sigebert. Sigebert meurt d’autant plus rapidement que Frédégonde avait pris soin d’enduire de poison la longue lame des scramasaxes !
Grégoire de Tours, l’Histoire des Francs et le pseudo-Frédégaire
Comment connaît-on tous ces épisodes mouvementés ou paisibles de l’histoire des Francs ? C’est grâce à Georgius Florentius Georgius, né en 538 à Clermont-Ferrand, issu d’une famille noble gallo-romaine. Plus connu sous le nom de Grégoire, il est nommé évêque de Tours en 573 par Sigebert Ier
, le roi d’Austrasie – qui a hérité des villes de Poitiers, Tours et Vendôme à la mort de son frère Caribert en 567. Il occupe beaucoup de son temps à écrire une Histoire des Francs où sont rapportés les faits et gestes de Mérovée et de sa descendance. Devenu évêque de Tours, il n’en continue pas moins son œuvre d’historien. Farouche défenseur du droit d’asile, c’est lui qui refuse à Chilpéric l’entrée dans l’église de Saint-Martin où Mérovée, le fils du roi, et Brunehaut se sont réfugiés après avoir été unis par Prétextat, l’évêque de Rouen. Par la suite, courageusement, il ose s’opposer à d’autres volontés de Chilpéric. Grégoire de Tours meurt à Tours en 59. La suite de la chronique est écrite, croit-on dans un premier temps, par Frédégaire, un historien dont on ne connaît pas grand-chose. Mais un examen approfondi des textes montre que cette suite est une œuvre collective, plusieurs auteurs mettent la main à la plume pour raconter la suite de l’histoire, jusqu’en 768. de sorte qu’on attribue les extraits de cette histoire prolongée au « pseudo-Frédégaire »…Brunehaut apprend à Paris la mort de son roi et mari Sigebert. Chilpéric et Frédégonde sortent alors de Tournai. Ils font immédiatement saisir et emprisonner Brunehaut et ses enfants après s’être emparés de leurs trésors. Mais Gondevald, un fidèle de Sigebert, parvient à faire évader le plus jeune fils de son maître, un enfant de cinq ans. Il l’emmène en Austrasie où il le fait proclamer roi sous le nom de Childebert II le jour de Noël 575. Brunehaut est envoyée dans un couvent, à Rouen. Chilpéric se retrouve à la tête du royaume. Il avait eu de son mariage avec Audovère, Mérovée, un fils qu’il envoie soumettre le Poitou. Mais, Mérovée, présent lors de l’emprisonnement puis de l’exil de Brunehaut, était tombé amoureux fou, à l’insu de tout le monde, de sa tante !