Charles acquerra en quelques années le surnom de « Martel » tant ses interventions sont soudaines et assomment l’ennemi, comme un martel, c’est-à-dire un marteau. Six mois après avoir été intronisé, Clotaire IV meurt. Qu’importe, Charles Martel le remplace par son frère, Chilpéric II, et continue tranquillement de gouverner. Mais voici un nouveau péril en 720, et pas des moindres : les Arabes ont envahi la Septimanie – le Languedoc –, ils ont pris Narbonne ! L’année suivante, en 721, ils s’implantent dans la région de Toulouse. 721, c’est aussi l’année de la mort de Chilpéric II ! La royauté semble atteinte d’une surmortalité inquiétante. Il faut d’urgence sortir un nouveau roi de quelque abbaye. On s’en va au monastère de Chelles et on trouve un Thierry IV qui fait l’affaire. Et les Arabes ? En 724, ils s’emparent de Carcassonne ; en 725, ils atteignent Autun. En 732, à Pampelune, en Espagne, ils forment une véritable armée de plusieurs dizaines de milliers d’hommes qui traversent les Pyrénées. Ils atteignent l’Aquitaine dont le roi Eudes est vaincu. Bordeaux tombe entre leurs mains. Tout y est pillé, incendié, les habitants sont massacrés. Les musulmans foncent alors vers Poitiers, y détruisent une basilique. Ils se préparent à gagner Tours, afin d’y détruire le sanctuaire de Saint-Martin, et surtout de s’emparer du trésor qui y est gardé !
Eudes, roi d’Aquitaine, fait appel à Charles. Celui-ci accepte de secourir son ennemi. Voici les Francs qui avancent en colonnes denses et bien organisées, jusqu’à vingt kilomètres environ de Poitiers, au lieu-dit aujourd’hui Moussaisla-Bataille. C’est là que stationnent les Arabes. Pendant sept jours, les armées s’observent. Charles prend soin d’équiper ses soldats d’un casque composé de quatre feuilles de fer triangulaires, réunies par des rivets. À l’aube du septième jour, le 25 octobre 732 – qui est aussi le premier jour du Ramadan –, les Arabes enfourchent leurs montures et passent à l’attaque ; mais toutes leurs vagues d’assaut échouent contre un véritable mur de fer formé par les combattants francs qui forment des phalanges très serrées, impénétrables. La bataille se poursuit tout le jour. À aucun moment Charles n’est en difficulté. Au contraire, il est averti dans la soirée, que le roi ennemi, Abd-el-Rahman, a été tué. La nuit vient, les Francs se reposent. Au petit matin, ils s’apprêtent à poursuivre le combat, mais l’armée d’Abd-el-Rahman a profité de la nuit pour fuir et franchir les Pyrénées dans le plus grand désordre.
La nouvelle de la victoire, qui décide de l’avenir de l’Occident, se répand dans toute la Gaule. Charles apparaît comme le sauveur de la chrétienté. Il en profite pour imposer sa souveraineté à l’Aquitaine, la Provence et la Bourgogne. Les aristocraties locales sont désormais soumises à son autorité. Fort bien accueillie à Rome, cette victoire de Poitiers conduit le pape Grégoire III à demander à Charles son intervention contre les Lombards en Italie du Nord. À cette demande est joint un cadeau : de la limaille du fer des chaînes de saint Pierre contenue dans une clé ! De plus, Grégoire III lui accorde le titre de
Dieu : le Thor de Boniface
Les païens ! Boniface n’a qu’une idée en tête : les amener à se convertir, à croire en Dieu ! Boniface, c’est Winfrid, un Anglo-Saxon – un Anglais – né en 674 près d’Exeter en Angleterre. Ordonné prêtre à trente ans, il se signale déjà par sa piété active et militante. Le pape entend parler de lui et le reçoit à Rome en 718. C’est là que Winfrid devient Boniface, c’est-à-dire :