Un an plus tard, Charlemagne, toujours habité par cette obsession saxonne, attaque la région d’Osnabrück, une région riche dont les habitants sont égorgés par milliers. Il s’empare de tous les trésors qu’il trouve, et emmène de nombreux prisonniers. En 786, la Bretagne refuse de payer son tribut au voisin franc dont ils sont séparés par une zone militaire, ce qu’on appelle une marche, et cette marche, jusqu’en 778, avait été commandée par un certain Roland dont vous lirez bientôt la fin… Qu’advient-il des Bretons que Charlemagne traite – comme les Saxons – de perfides ? Écrasés !
En 795, des Avars, peuplade dont les coutumes de pillards rappellent celles des Huns, stationnent en Carinthie, province de l’actuelle Autriche. Ces Avars entassent le fruit de leurs pillages dans ce qu’ils appellent le Ring, une sorte d’enceinte circulaire et fortifiée, entourée de neuf remparts successifs, à l’intérieur de laquelle se trouve le chef Avar : le Khagan. C’est un véritable trésor qui s’y trouve ! Évidemment, Charlemagne, informé de l’existence de ce Ring, trouve que ces Avars menacent l’Église… Il lance sur eux ses troupes nombreuses et bien armées, et en 796 les Avars sont massacrés, et leurs trésors soigneusement emballés. L’or, l’argent, les pierreries, des milliers d’objets de grande valeur vont remplir quinze chars tirés chacun par quatre bœufs. Charlemagne en donne une partie à Saint-Pierre de Rome, mais se réserve la plus grosse part afin de récompenser ses fidèles, et de se récompenser lui-même.
Charlemagne invente l’euro, ou presque…
Le trésor des Avars permet à Charlemagne de mener à bien la réforme monétaire qu’il a entreprise. En effet, il a décidé d’imposer une monnaie unique dans tout son empire où on pratique surtout le troc, mais le métal précieux lui manque. L’argent avar, et celui des mines du Harz en Allemagne, va servir à faire frapper des milliers de deniers. Un denier de cette époque est le 1/240 d’une livre, la livre fait 492 grammes, elle correspond à la mesure qu’utilisaient les moines du mont Cassin pour peser leur pain… Le denier est divisé en demi-deniers : l’obole ; et en quarts de denier : la piste. Sur une face de ces monnaies nouvelles, on peut voir le nom de la ville où elles ont été frappées, et sur l’autre, le profil de l’empereur. C’est déjà – presque – l’euro…
Charles le Grand, Charles le Généreux, Charles l’Abondant, le Séducteur, – c’est si facile quand on est empereur, ou qu’on va le devenir…
Est-ce une manie, une tradition, ou l’usage désinvolte d’une liberté qui ne connaît guère de limites ? Peut-être est-ce tout cela qui autorise bien des souverains à imposer à leurs sujets la monogamie et ses contraintes alors qu’ils butinent allègrement toutes les fleurs dont le parfum les séduit, dans un insatiable appétit de pétales. Après Dagobert, le Remarquable, voici Charlemagne, l’Exceptionnel ! À la mort de son père Pépin, Charlemagne est déjà marié à Himiltrude, jeune fille de modeste origine qui lui donne un fils bossu – Pépin le Bossu qui cherchera, en 792, à déposséder son père de son royaume ! Condamné à mort, il finira, gracié, dans un monastère près d’Aixla-Chapelle.