Marguerite meurt l’année suivante, en 1315, dans sa cellule glacée. On murmure, à l’époque, que Louis X le Hutin l’a fait périr entre deux matelas, afin d’étouffer l’affaire. Blanche accepte l’annulation de son mariage et meurt à Maubuisson. Jeanne, la future reine de France, retrouve l’hôtel de Nesle où une légende lui attribue de nombreux amants, de jeunes étudiants qu’elle fait jeter ensuite dans la Seine – sauf Buridan qui, au courant du stratagème, prend soin de faire installer par ses amis une barque pleine de foin, qui le sauve de la noyade.
Mais où sont les neiges d’antan
Plus d’un siècle après la tragique histoire des trois belles-sœurs, François Villon (1431 – 14.., on ignore le lieu et l’année de sa mort, de sorte qu’on ne sait même pas s’il est mort…) se fait l’écho de la légende noire de Jeanne de Bourgogne, dans la célèbre Ballade des dames du temps jadis
– mise en musique et chantée par Georges Brassens - : Semblablement, où est la reine / Qui commanda que Buridan / Fut jeté dans un sac en Seine / Mais où sont les neiges d’antan…
Chapitre 7
1337 à 1422 : Le royaume dans le malheur
Dans ce chapitre
: Vous allez comprendre pourquoi Français et Anglais se sont battus pendant 115 ans
La chevalerie française va sombrer devant vous, en quatre batailles décisives
Vous allez être témoin des ravages de la peste noire
Vous allez être étonné: en 1420, la France a trois rois, dont un Anglais
P
endant plus d’un siècle, de 1337 à 1453, les Anglais vont tenter de conquérir la France, et les Français vont essayer de résister d’abord, d’aller plus loin ensuite, projetant de conquérir aussi leurs voisins insulaires. Les deux pays vont s’épuiser en luttes incessantes où la chevalerie française, au cours de grandes batailles – Crécy, Poitiers – va faire preuve certes de bravoure, mais aussi d’un esprit d’individualisme qui va la conduire à sa disparition. En 1420, les Anglais vont réussir à monter sur le trône de France.
Au nord, à l’ouest, au sud, la France menacée
Les Anglais la menacent dans le pays de Flandre au nord, en Bretagne à l’ouest et en Guyenne au sud. La chevalerie s’apprête à la défendre avec des idées de bravoure qui sont déjà d’un autre âge, jalonnant l’époque de tristes rendez-vous guerriers. Autre menace, tapie dans l’invisible et l’imprévisible : la peste noire…
Pourquoi la guerre de Cent Ans ?
Tout va bien, pourtant, en France, dans les années 1330 : le roi d’Angleterre, Edouard III, a prêté l’hommage à son suzerain, le nouveau roi de France Philippe VI de Valois. En 1338, rien ne va plus : en plusieurs temps forts, une guerre de plus de cent ans va ravager le royaume ! Pourquoi ?
Le point sur les trois points chauds en 1338
Faisons le point sur les points chauds en ce début du XIVe
siècle.
Le premier est la riche Flandre, que nous avons déjà parcourue à plusieurs reprises. Elle bénéficie des investissements italiens et de la laine anglaise. Et de ces deux avantages, elle tire sa fortune en fabricant des étoffes qui se vendent fort bien et cher dans toute l’Europe ! Au roi de France qui l’écrase d’impôts, elle préférerait le roi d’Angleterre qui se montrerait certainement moins gourmand – c’est lui qui le promet, car il aimerait bien posséder la Flandre. De plus, ce roi lui garantirait la livraison constante, et dans de bonnes conditions, de cette matière première qui lui est indispensable : la laine !
Le deuxième point chaud est la Guyenne – l’Aquitaine. On y produit du vin fort apprécié, du sel. La Guyenne est une possession anglaise…
Le troisième point chaud est la Bretagne où se pose un problème de succession : le nouveau duc a fait appel au roi d’Angleterre !
Les trois objectifs de la longue guerre
Trois objectifs sont donc poursuivis lorsque la guerre qui va durer plus de cent ans se déclare entre la France et l’Angleterre :
Empêcher les Anglais de s’emparer de la Flandre.
Chasser les Anglais de Guyenne, car, territorialement, la région de Bordeaux fait partie de la France.
Empêcher les Anglais de s’installer en Bretagne.
Et maintenant, au travail !
1328 : le retour des rois guerriers
Le changement de dynastie a pour conséquence un changement de style : les Capétiens sont des organisateurs, les Valois sont des guerriers.
Capétiens : on ferme !