Les chevaliers français trouvent les troupes de gens armés du Prince de Galles, mur infranchissable. Et, lorsqu’ils veulent faire demi-tour, les autres corps d’armée anglais ont refermé la nasse. On remarque parmi eux un jeune chevalier à l’armure noire, et qui a fière allure – nous en reparlerons. Les chevaliers se battent avec l’énergie du désespoir, mais beaucoup sont désarçonnés, et les coutiliers entrent en action : ce sont des soldats munis d’un long poignard effilé, fixé à une pique de bois ; le poignard peut ainsi être introduit à distance dans les interstices de l’armure – comme un ouvre-boîte – et transpercer son occupant.
Le 4 septembre 1346, fort de sa brillante victoire de Crécy qui lui a ouvert la route du Nord, Édouard III met le siège autour de Calais. Il veut absolument s’emparer de ce port afin d’en faire une base militaire sûre et une étape sur la route commerciale de la laine (la faute aux moutons…). Philippe VI vient sur place avec son armée – ce qu’il en reste – pour le déloger, mais y renonce. Après des mois de résistance et de privations à cause du blocus anglais, les Calaisiens se rendent. Édouard III décide qu’ils seront tous massacrés.
Gautier de Hainaut, passé au service du roi d’Angleterre intervient, à la demande du représentant des habitants de la ville vaincue : Édouard III décide alors que ce ne seront plus tous les habitants qui périront, mais six bourgeois choisis parmi les plus riches, et qui devront se présenter à lui la corde au cou, nus pieds, nu-tête, vêtus d’une simple chemise, afin de lui remettre les clés de la ville. Et le 4 août 1347, on voit s’avancer la pitoyable petite troupe des six bourgeois, serrés les uns contre les autres et qui savent qu’ils vont mourir. Ils remettent au roi Édouard III les clés de Calais. Insensible aux paroles apaisantes de ses chevaliers, il ordonne : « Qu’on fasse venir le coupe-tête ! » Mais à ce moment, sa femme, la reine Philippa de Hainaut qui est enceinte, se jette à ses pieds, relève son visage baigné de larmes et demande à son royal époux d’épargner la vie de ces hommes courageux. Édouard III libère alors les bourgeois. Mais garde les clés…
Des frissons, de la fièvre très élevée, la démarche chancelante, un état de stupeur, puis de prostration, une sorte de panique mentale ; des bubons enflammés et très douloureux qui apparaissent à l’aine, sous les aisselles, ou ailleurs, et peuvent atteindre la taille d’une petite pomme ; la salive marquée de filets de sang. Et puis ces hémorragies sous la peau qui la rendent en peu de temps d’un noir marbré… Voilà les symptômes que ressentent, en 1347, les guerriers Tatars qui assiègent un port de Crimée, Théodosia. Et ils meurent au bout de trois ou quatre jours ! Le chef des assaillants, remarquant la contagion galopante de cette maladie, a l’idée, au lieu de charger ses catapultes de boulets, d’y mettre des cadavres – âmes sensibles, vous pouvez aller boire un thé. Les marchands italiens de la ville assiégée parviennent à s’enfuir, mais le terrible fléau est dans leurs navires. Et leurs navires accostent à Marseille début novembre 1347.