Les champs n’étant plus cultivés, une terrible famine se déclare en 1349. La chronique du temps raconte que les loups entrent dans les villages. Ils vont jusqu’aux berceaux que les mères n’ont plus la force de défendre. Les scènes d’anthropophagie ne sont pas rares. Certains vont même jusqu’à décrocher des gibets les condamnés afin de se nourrir… Tous les crimes, toutes les débauches et des excès inimaginables sont commis en ces jours où l’on pense que la fin du monde est toute proche. Cela n’empêche pas certains seigneurs et certains rois de penser à la prochaine guerre !
La peste se termine ou presque ? Ne perdons pas de temps, repartons à la guerre ! Décidément, il est bien difficile de trouver une éclaircie dans ce terrible XIVe
siècle…Très convoité le trône de France ! Jean II le Bon s’y installe légitimement puisqu’il est le fils de Philippe VI de Valois. Mais Edouard III d’Angleterre, n’oubliant pas que ce Philippe de Valois n’était qu’un roi trouvé, revendique la place ! Et Charles de Navarre s’estime lésé : son grand-père n’est-il pas Louis X le Hutin, le Capétien ? La période va être agitée.
La rumeur qui accompagne Brienne dit qu’il pourrait être devenu espion au service de l’Angleterre. Jean II s’empresse d’écouter la rumeur, et, dès que Brienne apparaît devant lui, il le fait mettre aux fers et décapiter deux jours plus tard, sans jugement ! Jean le Bon, c’est Jean l’intrépide, celui qui n’a pas peur du danger et qui s’est signalé par mille actions de bravoure. C’est un homme grand et plein de vigueur, gai mais coléreux, qui comprend lentement ce qu’on lui explique et quitte difficilement ses idées fixes. Son seul souci est d’ajouter à sa carrière de chevalier – il ne parle que de chevalerie – de nouvelles prouesses.
Jean le Bon s’est fait de son cousin, le beau Charles d’Espagne, un ami, un confident, un intime. Tellement intime que certaines rumeurs vont circuler bon train : Charles serait le mignon de Jean ! Ces rumeurs s’amplifient au point que Charles de Navarre jaloux fait assassiner Charles d’Espagne le 8 janvier 1354. Celui-ci, seul et désarmé, faisait étape à Laigle avant de rendre visite à la duchesse d’Alençon. La jalousie est-elle le véritable motif du meurtre ? Non : cousin et gendre du roi, Charles de Navarre voulait signifier ainsi son désir de récupérer par la force la couronne de France dont il s’estimait davantage l’héritier que Jean le Bon. Charles le Navarrais est en effet le fils de Philippe III, comte d’Évreux, et de Jeanne II de Navarre – fille de Louis X le Hutin –, morte de la peste en 1349. Son surnom – le Mauvais – lui a été attribué par un chroniqueur, en 1571, plus de deux siècles après certaines de ses regrettables prouesses.
Jean le Bon lui accorde son pardon pour l’assassinat de Charles d’Espagne, mais c’est un pardon qui manque de conviction et de sincérité : lors d’un banquet, le roi le fait arrêter avec ses compagnons qui sont décapités le soir même. Le Mauvais est emprisonné au Louvre. Les partisans de Charles de Navarre, ses parents même, font alors appel au roi d’Angleterre pour le délivrer. Celui-ci s’empresse de répondre favorablement à cette demande. Il envoie le duc de Lancastre envahir la Normandie.