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Le navire portant son nom était digne de cet honneur; très rapide, c’était à tous égards un noble bâtiment. Je montai à son bord une fois, à minuit, au large de la Patagonie et j’y bus un bon flip dans son gaillard d’avant. Nous eûmes une belle gamme, chaque homme, à son bord était un brave cœur. Qu’ils aient une vie courte et une mort joyeuse! Et cette gamme à laquelle je participai; longtemps, bien longtemps après que le vieil Achab y eut posé son pied d’ivoire, me rappelle l’hospitalité généreuse, solide, teutonique de ce navire. Que mon pasteur m’oublie et que le diable se souvienne de moi si jamais je la perds de vue. Ai-je dit que nous y bûmes du flip? Oui, du flip, au taux de dix gallons à l’heure et quand vint le grain (car il y a des grains au large de la Patagonie) et quand l’équipage, et les visiteurs aussi, furent appelés pour prendre des ris à la hune, nous étions tous si chargés dans les hauts, que nous dûmes grimper en nous aidant les uns les autres dans les boulines et que, sans nous en rendre compte, nous ferlâmes les pans de nos vareuses dans les voiles, de sorte que nous restâmes suspendus là, dûment attachés dans les hurlements de la tempête, avertissement exemplaire pour tous les mathurins saouls. Les mâts toutefois tinrent bon et, petit à petit, nous descendîmes à quatre pattes, si dégrisés que nous dûmes faire une nouvelle tournée de flip, bien que l’écume sauvage et salée giclant par l’écoutille de descente du gaillard d’avant l’eût par trop dilué et assaisonné pour mon goût.


Le bœuf était bon – coriace mais consistant. Ils disaient que c’était du bœuf de bœuf mais d’autres affirmaient que c’était du bœuf de dromadaire, je n’ai jamais très bien éclairci la question. Ils avaient aussi des boulettes, petites mais substantielles, parfaitement rondes et tout à fait indestructibles. J’eus l’impression qu’on pouvait, une fois avalées, les sentir rouler en soi et qu’en se penchant un peu trop en avant elles risquaient de ressortir comme des boules de billard. Le pain – mais cela on ne pouvait rien – était antiscorbutique, bref le pain était la seule nourriture fraîche qu’ils eussent. Mais il ne faisait pas très clair dans le gaillard d’avant et on pouvait toujours se réfugier dans un coin sombre pour le manger Mais en gros, pris de la quille à la pomme de mât, considération faite de la taille des marmites du coq et de ses vivantes marmites pansues, de l’avant à l’arrière, dis-je, le Samuel Enderby était bon vivant, bonne chère abondante, bon flip corsé, des gars d’élite, tous, du talon de leurs bottes à leur ruban de chapeau.


Mais vous vous demandez comment il se fait que le Samuel Enderby et d’autres navires baleiniers anglais de ma connaissance – pas tous, cependant – aient dispensé pareille hospitalité, et qu’aient pu y circuler ainsi le bœuf, le pain, la carafe et la plaisanterie, et que les hommes ne fussent pas tôt lassés de manger, de boire et de rire. Je vais vous le dire. Cette abondance est matière à recherche historique. Et je n’ai jamais été regardant en fait de recherche historique quand elle m’a paru nécessaire.


Les Hollandais, les Zélandais et les Danois précédèrent les Anglais dans la pêche à la baleine, on leur doit de nombreux termes de pêche encore en usage, et qui plus est, leurs vieilles coutumes de grasse mesure pour le boire et le manger. Car, en général, les navires marchands anglais lésinent pour leur équipage, ce qui n’est pas le cas des navires baleiniers, de sorte que cette opulence n’est pas, aux yeux des Anglais, normale et naturelle mais fortuite et particulière, et doit avoir, dès lors, une origine que nous relevons déjà ici et que nous éclaircirons plus loin.


Au cours de mes recherches léviathanesques, je suis tombé sur un ancien ouvrage hollandais dont les relents de baleine me disaient qu’il y était question de baleiniers. Je conclus d’après son titre de «Dan Coopman» que ce devaient être les mémoires inestimables de quelque tonnelier d’Amsterdam, puisque tout navire baleinier a son tonnelier de bord. Je fus confirmé dans mon opinion en voyant que l’auteur s’appelait Fitz Swackhammer. Mais mon ami, le Dr Snodhead, un très savant homme, professeur de bas allemand et de haut allemand à l’université de Saint-Nicolas et de Saint-Pott, à qui j’avais remis l’ouvrage aux fins de traduction, lui faisant cadeau pour peine d’une boîte de bougies de cire de spermaceti, ce Dr Snodhead, à peine eut-il aperçu le livre, m’assura que «Dan Coopman» ne voulait pas dire «Le Tonnelier» mais «Le Négociant». Bref, ce docte et vieux livre traitait du commerce de la Hollande et abordait, entre autres sujets, des questions très intéressantes sur la pêche à la baleine. Au chapitre intitulé «Smeer» ou «Graisse», j’ai trouvé une liste détaillée des vivres embarqués par cent quatre-vingts navires baleiniers hollandais, je relève la suivante, traduite par le Dr Snodhead:


400.000 livres de bœuf salé


60.000 livres de porc salé de Frise


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