Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Folie que d'attendre. Impossible de patienter. Il appelle Constant. Il veut, sur son habit de colonel des chasseurs de la Garde, passer la redingote qu'il a portée à Wagram. C'est ce jour-là avec la victoire qu'il a arraché Marie-Louise.

Il appelle Murat, dont l'épouse Caroline est en compagnie de Marie-Louise. Allons. Une calèche est prête. On s'élance.

Il harcèle les cochers. Aux relais, sous une pluie battante, il descend pour faire hâter les postillons. À l'entrée du village de Courcelles, une roue de la calèche se brise. Il court sous l'averse jusqu'au porche de l'église.

Il aime ces imprévus, cette pluie et ce vent qu'il faut affronter, cette rencontre qui fracasse le protocole, surprend Murat et les soldats de l'escorte.

Il va et vient au bord de la route, guettant l'arrivée du cortège. On imaginait donc qu'il était quoi ? Louis XVI attendant sagement sur son trône à Compiègne ? Il est Napoléon.

Il voit approcher les chevaux blancs de la voiture de Marie-Louise. Il se place au milieu de la route et bondit vers la calèche qui vient de s'arrêter. Un écuyer baisse le marchepied. Il se précipite. Il reconnaît Caroline Murat, qui murmure :

- Madame, c'est l'Empereur.

C'est donc elle, Marie-Louise. Elle est parfumée, rose, si jeune. Il lui prend les mains, les embrasse. Si fraîche. Il rit. Il la détaille. Il sent contre lui cette lourde poitrine, ces hanches grasses, ce corps souple, à prendre. Elle a le teint vif, les cheveux d'un blond cendré. Il ne l'imaginait pas si pleine, si forte. Et il a envie de la presser contre lui comme un butin charnu. Il reconnaît ces traits qui l'avaient frappé sur les portraits qu'il avait vus d'elle, cette grosse lèvre autrichienne. Elle est une bonne terre, grasse, féconde. Il en est sûr. Il a envie de la lutiner, de rire.

Il donne l'ordre qu'on brûle l'étape de Soissons. Tant pis pour le banquet, pour ces notables qu'on aperçoit sous les auvents et qui attendent la souveraine pour prononcer leurs compliments. Il rit. Ce qu'il veut, c'est un lit au plus vite.

La nuit s'avance. Il la serre, la cajole. Elle est effarouchée, puis il sent qu'elle s'abandonne. Elle rit aussi.

Un lit, vite.

Il est 10 heures du soir quand on arrive à Compiègne. Il voit toute la cour qui se presse au pied du grand escalier, qui s'apprête à les entourer, à les étouffer de compliments et de révérences. Il fait un geste, il traverse la foule, gagne une petite salle à manger et dîne avec seulement Caroline et Marie-Louise.

Elle est plus belle qu'il ne l'imaginait. Beauté du diable ! Mais saine, ronde, rose, fraîche, neuve comme une source qui vient de jaillir.

Une Habsbourg de dix-huit ans, c'est cela !

Il la veut cette nuit.

- Quelles instructions avez-vous reçues de vos parents ? lui demande-t-il.

Il aime son regard candide, sa naïveté.

- D'être à vous tout à fait et de vous obéir en toute chose, murmure-t-elle dans son français à l'accent rugueux.

Cette obéissance avouée l'excite.

À moi, cette femme, à moi tout de suite !

Elle dit en baissant la tête que le mariage religieux n'a pas eu lieu. Il appelle le cardinal Fesch, qui la rassure, la persuade que tout est en ordre.

Napoléon l'entraîne vers l'hôtel de la Chancellerie, proche du château. C'est là qu'il aurait dû dormir, seul. Avec Marie-Louise à quelques centaines de mètres ? Il n'est pas homme à accepter cela.

Il la laisse quelques instants avec Caroline. Elle est vierge. Elle ne sait rien. On lui a même assuré que durant toute sa vie on a écarté d'elle jusqu'aux animaux mâles.

Je suis le premier mâle.

Il entre dans la chambre.

Elle est à moi, comme je le veux.

Il la laisse dormir dans le jour qui se lève.

Il voudrait clamer sa victoire, son triomphe. Il sort de la chambre.

Il s'approche de Savary, son aide de camp qui attend dans le salon proche de la chambre.

Il lui tire l'oreille, rit.

- Mon cher, dit-il, épousez une Allemande, ce sont les meilleures femmes du monde, douces, bonnes, naïves et fraîches comme des roses.

Il passe les journées du mercredi 28 et du jeudi 29 mars 1810 près d'elle, dans ce château de Compiègne. Il se fait servir à déjeuner dans la chambre.

Il sent les regards curieux lorsqu'il se présente avec elle pour le concert qui est organisé dans la grande salle du château. Il faut bien la présenter à la cour. Mais il a hâte de la retrouver pour lui seul, de l'étonner encore, de la faire crier et rire. De lui faire découvrir le corps à corps de l'amour. Déjà il l'a sentie, après quelques minutes de surprise et de douleur, ravie de ce qu'elle avait éprouvé.

Il n'a jamais vécu cela. Il est le maître qui enseigne. Il n'a plus de hâte. Il lit sur le visage de Pauline Borghèse un étonnement un peu sarcastique. Deux jours sans quitter Marie-Louise ! Il hausse les épaules.

- Il m'arrive une femme jeune, belle, agréable, dit-il. Ne m'est-il donc pas permis d'en témoigner quelque joie ? Ne puis-je, sans encourir le blâme, lui consacrer quelques instants ?

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