Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Il marche lentement dans les rues de Milan. Il aime ces acclamations, puis les hommages qu'il reçoit lorsqu'il accorde des audiences. Il se sent plus heureux qu'à Paris. Il est dégagé des liens qui parfois, en France, l'entravent. Ici, il est empereur et roi. Là-bas, Talleyrand, Fouché, Joséphine, ses sœurs se souviennent qu'il n'a été jadis que Bonaparte et qu'ils ont contribué à sa gloire. Joséphine est ce passé. Et il veut vivre l'avenir.

Il lui écrit, quelques lignes qu'il trace à la hâte.

« Je suis ici, mon amie, depuis deux jours. Je suis bien aise de ne pas t'avoir emmenée ; tu aurais horriblement souffert au passage du Mont-Cenis, où une tourmente m'a retenu vingt-quatre heures.

« J'ai trouvé Eugène bien portant : je suis fort content de lui. La princesse Augusta est malade ; j'ai été la voir à Monza ; elle a fait une fausse couche ; elle va mieux.

« Adieu, mon amie.

« Napoléon »

Il pleut sur la vallée du Pô, mais quelle importance ? Il reconnaît ces collines, ces peupliers bordant le lavis des rivières, ces villes, Brescia, Peschiera, Vérone enfin.

La foule se presse le long des routes, elle s'agglutine dans les rues, devant le théâtre de Vérone, où il se rend en compagnie d'Élisa, princesse de Lucques, de Joseph, roi de Naples, du roi et de la reine de Bavière.

Il suffit d'un regard à leur fille. Charlotte est laide. Que n'a-t-il épousé Augusta !

Dans la chambre du château de Stra, proche de Padoue, où il passe la nuit du samedi 28 novembre, il reçoit les dépêches de Paris. Dans les journaux, on évoque encore, de manière détournée, la répudiation de Joséphine.

Il enrage. Qu'on écrive à Maret, son secrétaire d'État, et qu'on fasse partir ce courrier immédiatement :

« Je vois avec peine, par vos bulletins, que l'on continue toujours à parler de choses qui doivent affliger l'Impératrice et qui sont inconvenantes sous tous les points de vue. »

Il ne faut pas que l'on persécute cette femme qu'il aima et qu'il quittera à l'heure qu'il aura choisie.

Il dort mal, irrité. Il donne ses ordres d'une voix cassante. Les acclamations, dans le petit port de Fusine, l'irritent, et il monte, tête baissée, les mains derrière le dos, à bord de la frégate qui doit le conduire à Venise.

Il fait beau. Une brise pousse le navire qui avance entouré de la flottille de l'Adriatique.

Tout à coup, il voit le Grand Canal, la basilique San Giorgio, la douane de mer, et cette multitude d'embarcations, de gondoles fleuries, qui se dirigent vers la frégate. Les cris, les fanfares l'accueillent au moment où il débarque sur la Piazzetta.

Il est 17 heures, le dimanche 29 novembre 1807.

La joie en lui emporte tout. Il s'installe au palazzo Balbi, sur le Grand Canal. Il assiste, de sa fenêtre, au jeu des forces. Il est le souverain de l'une des plus vieilles républiques du monde, le successeur du doge. Il se rend au théâtre de la Fenice, entouré des généraux qui ont avec lui fait la campagne d'Italie. Les rois et les reines l'entourent.

Il veut tout voir, les canaux, les lagunes, les palazzi, la bibliothèque.

Il ordonne qu'on place désormais les sépultures hors de la ville, dans une île, et non dans les églises, où elles risquent de contaminer la ville. Il arpente la piazza San Marco. Il aime ce décor de théâtre. Il veut qu'on l'éclaire.

Debout à la fenêtre du palazzo Balbi, il attend qu'une femme vienne le retrouver, comtesse vénitienne aux longs cheveux qu'il a remarquée au théâtre de la Fenice.

Il la possède. Il possède le monde. Il a le sentiment que rien ne peut lui résister.

Le matin, avant de quitter Venise, il signe les décrets qu'il a pris à Milan et qui renforcent le blocus continental. Puisque l'Angleterre exige des navires neutres qu'ils abordent chez elle avant de toucher l'Europe, il a décidé que ceux qui se plieront à cette loi seront considérés comme anglais, et leurs marchandises de cargaison de bonne prise.

Si l'on veut régner, il faut imposer sa loi.

Il écrit à Junot, dont les troupes viennent d'entrer dans Lisbonne : « Vous faites comme les hommes qui n'ont point l'expérience des conquêtes, vous vous bercez de vaines illusions : tout le peuple qui est devant vous est votre ennemi... et la nation portugaise est brave. »

Il faut plier les hommes à sa volonté.

Il se répète cette phrase assis devant une grande table ronde dans la forteresse de Mantoue, où il est arrivé le dimanche 13 décembre.

Il fait étaler devant lui une carte d'Espagne. Il étudie le relief, place avec soin les épingles de couleur qui dessinent le trajet que prendront les troupes s'il décide de plier l'Espagne, de la soumettre à sa loi, de remplacer ces Bourbons incapables et veules.

Il entend la porte qui se ferme. Il s'impose de ne pas relever la tête, alors qu'il sait que son frère Lucien, Lucien le rebelle, vient d'entrer dans cette pièce, arrivant de Rome où il continue de vivre avec cette madame Alexandrine Jouberthon, qu'il refuse de quitter.

Il faut plier les hommes à sa volonté.

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