Pendant trois jours à partir du matin du mardi 13, jusqu’au moment M, au matin du vendredi 16, nous avons inondé la Terre de nos bulletins d’alerte. L’Angleterre a été avertie que l’impact prévu au nord de la Manche, en face de l’estuaire de la Tamise, aurait aussi des répercussions en amont du fleuve ; nous avons prévenu la Sovunion que la mer d’Azov serait bombardée et lui avons défini sa propre grille ; la Grande Chine nous a offert les sites de Sibérie, du désert de Gobi et de l’extrême ouest, avec quelques modifications pour éviter la Grande Muraille, qui ont été notées avec un soin particulier. En Pan-Afrique les objectifs se trouvaient dans le lac Victoria, dans la partie désertique du Sahara, au sud de Drakensberg et à 20 kilomètres de la Grande Pyramide. Nous leur avons recommandé de suivre l’exemple du Tchad, mais de ne pas dépasser la limite de jeudi minuit, heure de Greenwich. Nous avons dit à l’Inde d’observer certaines de ses hautes montagnes et au large du port de Bombay… à la même heure que pour la Chine. Et ainsi de suite.
On a essayé de brouiller nos messages mais nous émettions directement sur plusieurs longueurs d’onde à la fois, ce qui les rendait difficiles à stopper.
Nous complétions nos avertissements avec une grossière propagande : détails sur l’invasion ratée, photos terribles des cadavres, accompagnées des noms et des matricules des soldats envahisseurs ; nous avons adressé tous ces renseignements à la Croix-Rouge et au Croissant-Rouge ; mais, sous prétexte humanitaire, nous faisions là une sinistre menace, car nous montrions que tous les soldats avaient été tués et que tous les officiers et membres des équipages des vaisseaux avaient été soit éliminés, soit faits prisonniers… nous « regrettions » de n’avoir pu identifier les morts du vaisseau amiral car la destruction totale avait rendu toute identification impossible.
Nous faisions preuve d’une attitude conciliante : « Réfléchissez, peuples de Terra, nous ne voulons pas vous faire de mal. Malgré ces représailles nécessaires, nous faisons tous les efforts possibles pour éviter de vous tuer, mais si vos gouvernements ne veulent pas nous laisser vivre en paix, ou si vous ne les y obligez pas, nous serons alors forcés de vous éliminer. Nous sommes là-haut, et vous en bas ; vous ne pouvez rien faire pour nous arrêter. Alors, s’il vous plaît, montrez-vous raisonnables ! »
Nous avons expliqué, encore et toujours, combien il nous était facile de les frapper et combien il leur était difficile de nous atteindre. Nous n’exagérions pas. Envoyer des fusées de Terra jusqu’à Luna n’a rien d’évident, les lancer depuis l’orbite d’attente circumterrestre s’avère plus commode. Mais cela revient beaucoup plus cher. Ils n’avaient qu’une solution pour nous bombarder : utiliser leurs vaisseaux.
Nous avons mis ce point en exergue, et leur avons demandé combien de vaisseaux, coûtant chacun plusieurs millions de dollars, ils étaient prêts à utiliser dans ce but. Cela valait-il la peine de nous infliger une correction pour une faute que nous n’avions pas commise ? Ils avaient déjà perdu sept de leurs vaisseaux les plus beaux et les plus puissants… voulaient-ils essayer de nouveau avec quatorze vaisseaux ? S’ils le désiraient, nous disposions toujours de l’arme secrète que nous avions expérimentée sur le vaisseau des N.F.
Une vantardise soigneusement calculée : Mike avait établi qu’il n’existait pas une chance sur mille que le
Les vaisseaux spatiaux ne sont pas construits à la chaîne, ils reviendraient trop cher. Les N.F. possédaient probablement six croiseurs capables de nous bombarder sans alunir pour refaire le plein, mais il leur faudrait alors se débarrasser d’une partie de leur cargaison et adapter des réservoirs supplémentaires. Elles en avaient d’autres qui