Читаем Sur la dalle полностью

— Quelle faille dans le système ? demanda Matthieu, une fois Adamsberg installé à sa place, la jambe sur la chaise.

— Sur le chemin vers le centre d’accueil. Les gardes qui m’entoureront pourront protéger les portières avec leurs boucliers. Mais pas celle du garde-chauffeur. À présent qu’ils me savent protégé, ils peuvent utiliser une artillerie plus lourde. Le tueur ne pouvant m’atteindre sous la tortue, il alertera son coéquipier qui nous suivra sur la route du centre. À la première occasion, leur chauffeur double, le tueur envoie une volée de projectiles dans les pneus, blesse ou abat notre conducteur et c’est l’accident. Il y aura du dégât. Il est alors facile de me tuer parmi la mêlée.

Matthieu eut une grimace.

— J’y ai pensé, dit-il. D’autant que l’ancien centre ne me satisfait en rien au plan de la sécurité. De larges balcons à tous les étages, de longues fenêtres sans volets, des baies vitrées et des vérandas sur tout le rez-de-chaussée, cet endroit est une véritable passoire. Il faut dire qu’il avait été conçu dans un but thérapeutique, afin que les pensionnaires n’éprouvent jamais de sensation d’enfermement et profitent à plein de la vue et de la lumière. Tout le contraire de ce qu’il nous faut.

— Ou, ajouta Adamsberg, si on s’en sort ce soir, ils réitéreront l’assaut sous une autre forme le lendemain, et cela peut durer des jours et des jours et ce jusqu’à ce qu’ils m’aient. Robic est fier, il n’abandonnera jamais avant que son projet ne soit accompli. On ne peut pas se terrer à Louviec pour la nuit des temps sous nos boucliers.

— Voilà où nous en sommes par la faute du ministère, dit Matthieu, la voix rageuse et frappant du poing. S’ils avaient accepté, là-haut, de libérer les trois gars, on ne se retrouverait pas dans ce bourbier. Et ces gars, on a leurs photos et leurs empreintes. Avec un appel à témoins, ils auraient été repris dans les trois jours. Mais non, l’État fanfaronne : « L’État ne cède pas à la menace » et, résultat, nous sommes faits comme des rats.

— À moins qu’on ne lance un raid sur la maison de Robic, proposa Noël.

— Impossible car illégal, Noël, on n’a pas un élément de preuve contre lui.

Johan, très préoccupé, avait mis la table et apportait de quoi restaurer un tant soit peu le moral des dîneurs.

— Prenons le temps de dîner, dit Retancourt. Inutile de sortir avant la tombée de la nuit.

— Et pourquoi ? demanda Veyrenc.

— Parce que le tueur est déjà en place, abrité dans sa cache. Il doit s’y être posté depuis un bon moment, en plein jour, à mon avis quand les gardes sont partis chercher le commissaire à l’hôpital. Il n’y avait plus aucun surveillant devant l’auberge. Il a attendu un moment propice – portion de rue vide – et a rejoint sa planque. Il a dû assister à l’entrée d’Adamsberg sous la formation en tortue et comprendre qu’il n’aurait aucune chance de l’atteindre. Face à cette impasse, notre tueur attend donc qu’il fasse nuit noire pour s’enfuir. Au lieu que nous, on attend le moment de lui mettre la main dessus.

— On a échoué hier, dit Veyrenc, on ne sait pas où il se terre.

— Mais il ne se terre pas, affirma Retancourt avec un léger sourire. Il est au-dessus de nous.

— Les toits ont été vérifiés, dit Matthieu, il n’y a personne.

— Parce qu’il n’est pas sur un toit. Il est en haut du hêtre. Et hier, pendant tout le temps qu’on s’évertuait à le débusquer dans la rue, il attendait tranquillement dans son arbre que la recherche s’achève.

— Mais la première branche est au moins à douze mètres, et le tronc n’offre aucune prise, dit Veyrenc.

— À y regarder de très près, on remarque de fines striures sur l’écorce, sur l’arrière du tronc. Ce sont des marques de crampons. Les premières se situent à un mètre cinquante du sol. Ce type est capable de bondir sans élan jusqu’à cette hauteur – presque un record – puis de se hisser rapidement jusqu’aux branches. Il doit être aussi léger qu’athlétique.

Adamsberg hocha la tête, approbateur.

— Très bon, lieutenant, je ne sais pas si j’y aurais pensé.

— Et qu’est-ce qu’on attend pour aller le pincer ? demanda Berrond.

— Qu’il fasse presque nuit. Cela évitera qu’il nous tire dessus comme sur des pigeons. Vers vingt-deux heures quinze, on encercle l’arbre avec les projecteurs. On en a bien cinq, Matthieu ?

— Oui. Deux dans nos voitures, trois dans le camion des gardes. Johan, on peut les mettre en charge dans ta cuisine ?

— Évidemment, oui.

— Va les chercher seul, Matthieu. Pour bénéficier de la tortue, dit Adamsberg.

— Une fois le hêtre sous le feu des projecteurs, on repérera facilement notre gars, conclut Retancourt. Nous ne sommes qu’en mai, le feuillage n’est pas trop dense.

— Mais qu’il soit perché à quinze mètres, à vingt, ou plus, dans les tous les cas, on ne pourra pas mettre la main dessus, dit Berrond.

— Un camion de pompiers dispose d’une échelle télescopique, proposa Verdun.

— Sur laquelle un seul homme peut monter, objecta Adamsberg. Qui sera abattu dès qu’il aura approché le type.

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