Читаем Sur la dalle полностью

— Et puis ?

— Et puis le monsieur qui était dedans est sorti en me disant que papa était tombé très malade et qu’il voulait me voir. Il avait l’air gentil et il mangeait des bonbons. J’ai eu peur pour papa, je suis vite montée avec lui. Il m’a donné des bonbons. Celui qui avait un gros ventre. L’autre, il conduisait.

— Tu les as bien vus tous les deux ?

— Surtout le monsieur qui est sorti. Et après, je leur ai dit que ce n’était pas le chemin pour aller chez papa, et le monsieur qui conduisait s’est arrêté à un feu rouge et m’a dit qu’on soignait papa à Combourg. Il va mieux, papa ?

— Il va très bien. Regarde, dit Adamsberg, en lui montrant les six photos de Robic, Le Guillou et des quatre autres hommes, tirées du film de Mercadet. Les deux messieurs qui t’ont enlevée, tu peux me les montrer ?

— Lui, dit-elle sans hésiter en montrant la photo du Lanceur, Germain Cléach. Il avait les cheveux tout droits sur la tête, et des trous plein les joues.

— C’était celui qui conduisait ?

— Oui.

— Et l’autre, le monsieur avec les bonbons, tu le reconnais ?

Rose repassa les photos en revue, comme une élève appliquée à laquelle on demande de faire un devoir.

— C’est lui, dit-elle en montrant la photo du Ventru. Il avait un trou entre les dents.

Félix Hénaff, dit le Ventru, certainement choisi pour son air débonnaire.

— Tu es formidable, lui dit Adamsberg, tu dois être une bonne élève, non ?

— Pas beaucoup en calcul mais, sinon, j’ai la note B.

— Ça t’embête si je te fais travailler encore un peu ?

— Non, vous êtes gentil, et puis je m’ennuie ici, moi.

— Tu vas très vite sortir. Où la voiture qui t’emmenait est-elle arrivée ?

— Dans une maison jolie avec des fleurs, et j’ai pensé que c’était là qu’on soignait papa. Mais en fait, le monsieur m’a amenée jusqu’à la porte et m’a fait entrer dans la pièce, puis il est ressorti. Et là… – et l’enfant se mit à pleurer.

— C’est normal que tu pleures, dit Adamsberg en lui caressant les cheveux. Moi aussi je pleurerais. Tu as eu très peur, et nous aussi tu sais. Il y avait des gens dans la pièce ?

— Deux. Et ceux-là, c’étaient des méchants.

— À quoi tu l’as vu ?

— Ils avaient des yeux et des bouches de méchants, comme dans les films, dit la petite en reniflant.

— Tu peux essayer de me les montrer ?

Sans hésiter, Rose désigna les photos de Robic et de Le Guillou.

— Ils m’ont attrapée par les bras et les jambes, continua-t-elle en essuyant ses larmes, et on a descendu un escalier. Au bout, il y avait une cave, et ils m’ont mise par terre. Ils m’ont dit de me tenir tranquille, que je reverrais papa et maman et ils ont fermé la porte en fer. Mais moi, j’y arrivais pas, à me tenir tranquille, je pleurais, je criais, je réclamais papa et maman. Alors après, celui qui était blond, avec des yeux bleus méchants – celui-là ajouta-t-elle en montrant la photo de Pierre Le Guillou –, il est revenu et il m’a donné deux tapes très fortes sur les joues. Et il a dit que j’aurais des tapes tant que je continuerais à pleurer. Et que ça servait à rien parce que personne m’entendait. Après, il a apporté une poupée, un matelas et un gros pull, et je pleurais dans les habits de la poupée pour pas qu’on m’entende. Et bien plus tard, l’autre méchant – celui-là dit-elle en montrant Robic – est entré avec un plateau, du pain et du fromage mais avant, il a voulu que j’avale deux bonbons avec de l’eau. Moi je sais que les bonbons qu’on avale avec de l’eau, c’est pas des bonbons. C’est des médicaments, et je voulais pas les prendre. Alors il m’a secouée très fort et il a dit de prendre les bonbons, que c’était pour dormir et que demain papa serait là.

— Tu n’as vu personne d’autre entrer dans la cave ?

— Non. Et alors après, je me souviens plus.

Adamsberg caressa sa joue mouillée et ôta les photos du lit.

— Tu es épatante, Rose, tu viens d’aider beaucoup la police.

— C’est vrai ? dit-elle en retrouvant un sourire.

— Beaucoup, beaucoup. Grâce à toi, tous ces méchants vont aller en prison et tu ne les reverras plus jamais.

Adamsberg ouvrit la porte et fit entrer Johan. La fillette se précipita dans ses bras.

— Le monsieur m’a dit que je l’avais beaucoup aidé.

Adamsberg les laissa discrètement et appela Matthieu dès sa sortie de l’hôpital.

— Le conducteur, c’est le Lanceur, Germain Cléach, et le type qui est sorti de voiture pour embarquer la petite en douceur, c’est le Ventru. Une fois bouclée à la cave, elle n’en a vu entrer que deux. Devine lesquels.

— Le Guillou et Robic.

— Gagné. Le Guillou lui a collé des tartes pour qu’elle arrête de pleurer et crier, et c’est Robic, bien plus tard, qui est venu avec du pain, du fromage et deux cachets qu’il l’a forcée à avaler.

— Elle n’a vu ni le Muet, ni le Poète ?

— Non. Et on peut être sûrs de son témoignage. On ne peut donc pas encore se prononcer sur la complicité de ces deux-là. Mais tout de même, quand on a demandé où était la petite, ils n’ont pas paru étonnés, ils n’ont pas réagi d’un pouce. Pour moi, ils étaient tous dans le coup. Mais seul Robic avait l’intention de tuer l’enfant.

Перейти на страницу:

Похожие книги