Читаем Sur la dalle полностью

— Qu’a conclu l’enquête américaine ? demanda Adamsberg en se tournant vers son lieutenant, aussi certain que s’il consultait un oracle.

— À l’impasse. Jamais retrouvé les agresseurs. C’est vrai qu’il y a de quoi se gratter le crâne. Il lègue ses biens à Robic et dans la nuit, il est abattu. Fâcheux, très fâcheux.

— Et c’est ce que tu crois, toi, Johan ? Que le bon Donald avait changé d’avis ? demanda Adamsberg qui continuait à couvrir son carnet de notes.

— Penses-tu ! Moi, je crois Jaffré. Les autres, ils savent pas pour la superstition et l’assassinat du cousin de cousin, mais au bout du compte, dans un village, quand le doute s’installe, même une intervention du président ne pourrait pas le déloger. Enfin, c’est avec ce fric pourri que Robic a monté son commerce à Combourg. Et dès le début, c’était pas une petite boutique de literie, non. Une belle boîte. Avec de l’électroménager, venu des States. Alors ça, ça a plu aux gens. Des machines américaines. Et puis d’année en année, son affaire a grossi, et c’est devenu l’énorme entreprise que vous savez.

Johan marqua une pause en vidant son verre et il secoua la tête avec une moue.

— Non, insista-t-il, j’y ai jamais cru non plus à ce conte de fées. Surtout pas venant d’un type comme Robic. Oh, vous le verriez, c’est le grand patron irréprochable. Habits de luxe à l’américaine, soi-disant venus de là-bas, cravates bariolées, gourmette en or et cigares, tout pour en mettre plein la vue. À Louviec, on n’aime pas ça, et à Combourg non plus. J’oubliais : ses dents. Quand il était jeune, elles étaient toutes de travers, pas blanches et pas alignées. C’est comme ça aux States : tu pars moche, tu reviens beau. Enfin beau, c’est pas le mot pour Robic, mais de belles dents, ça arrange un gars.

— C’est quel genre de type ?

— Je ne l’ai vu que trois fois, à Rennes, dans des restos chics où on m’avait invité comme goûteur. Je l’entendais parler à la table à côté. Un type qui se prend pas pour de la merde, ça c’est sûr. Imbuvable. Critiquant tous les plats, donnant des ordres, sec, dur, pas le gars qui risque de venir à mon auberge.

— Il vient voir sa mère à Louviec ? demanda Matthieu.

— Penses-tu ! Non, c’est sa mère qui prend le car tous les mois pour déjeuner avec lui. Je pense qu’il lui verse une pension, quand même, car ses revenus se sont améliorés.

— Et tu vois quelqu’un à Louviec qui pourrait bien le connaître ? Intimement ?

— Pas un, vraiment pas un. Je t’ai dit, depuis qu’il a eu son bac, il a jamais remis les pieds au village.

— Bref, ce Robic, conclut Adamsberg, tu ne lui donnerais pas ta main à couper ?

— Pas un ongle, je te dis. C’est pas le tout, j’ai à vous faire déjeuner et j’ai encore des tas d’hommes à nourrir ce soir. Je vous laisse méditer entre vous sur cette pourriture.

— Ils seront partis, les tas d’hommes, Johan ! dit Adamsberg à voix forte car l’aubergiste avait entamé un chant dans sa cuisine.

— C’est du Lully, dit Veyrenc, qui venait d’entrer, suivi des autres lieutenants affamés.


Chacun s’attabla tandis qu’Adamsberg achevait de noter les informations recueillies par Mercadet, assez maigres mais significatives. Rien de suspect dans les mouvements et la comptabilité de l’entreprise de Robic. En revanche, son passé était plus trouble. Après son départ de Louviec, il avait dirigé un petit cercle de jeux assez modeste à Sète, près de Montpellier, mais au fil des ans, son train de vie avait alerté les autorités. On avait procédé à une enquête qui n’avait rien donné de probant, sauf l’arrestation de deux de ses employés pour trafic de drogue. Robic avait assuré ne rien en savoir mais la mention « suspect » avait été notée sur sa fiche, sans complément d’informations. Même chose à Los Angeles, qu’il avait rejoint peu de temps après avoir quitté Sète, où on l’avait retrouvé à la tête d’une entreprise de vente de voitures de luxe. Il avait été un temps soupçonné de trafic de voitures volées mais l’enquête avait été abandonnée faute de preuves.

— Si Robic a trafiqué à droite et à gauche, il sait couvrir ses traces, dit Matthieu en écoutant Mercadet. Ce qui ne nous dit pas qui, à Louviec, aurait assez d’empire sur un homme de cette trempe pour l’amener à obéir et faire commettre un meurtre. Et pourquoi le docteur ?

— Pourquoi ? Mais à cause de l’avantage qu’il tirait de sa disparition, expliqua Adamsberg. Ce nuage qui planait sur lui, cette menace larvée, il tenait l’occasion de l’éliminer en en faisant porter la responsabilité à un autre.

— Quelle menace ? demanda Berrond.

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