Читаем Sur la dalle полностью

— Disons à quinze heures ? Mon bureau est au huitième étage, couloir de gauche, numéro 837.

— Jusqu’à mon arrivée, puis-je vous demander de n’en souffler mot à personne ?

— Mais oui, dit la secrétaire un peu surprise. Vous avez sûrement vos raisons, répéta-t-elle.

Adamsberg revint dans la salle où l’équipe achevait son repas.

— C’est bien à Pierre Robic lui-même que le type a écrit, dit-il.

— Et pourquoi pas à son adresse privée ?

— Peut-être pour ne prendre aucun risque. Dans le cas où un habitant de la maison l’aurait ouverte. Ou tout simplement parce qu’il n’avait pas son adresse. D’après la secrétaire, peu de gens la connaissent. Je pars la rejoindre, on se retrouve à mon retour.


L’auberge s’emplissait, et Johan avait interrompu son chant et commencé à dresser les tables.

— Il connaît bien son affaire, dit Veyrenc en secouant la tête.

— En cuisine ? demanda Berrond.

— En musique. Malgré quelques fausses notes en fin de phrase, il n’a pas raté son Lully. Excellent chant, Johan, dit le lieutenant en l’attrapant au passage.

— Merci, dit Johan, réjoui.

— Dites-moi, il est marié, ce Robic ?

— Ça oui. Et « on dit » que ça se passe très mal.

— Vous savez pourquoi ?

— Pour ça, non, mais je suis sûr que je voudrais pas être sa femme. Je vous laisse, lieutenant, ça va bientôt être chaud.


La jeune Estelle Braz attendait en souriant le commissaire, secouant dans sa main une enveloppe.

— C’est celle-là, dit-elle. Je l’ai mise dans un plastique parce que je sais que les policiers font comme ça.

— Merci, Estelle – je peux vous appeler Estelle ? –, c’est parfait. Vous savez sûrement si votre patron a un chauffeur ?

— Bien sûr, il se déplace tout le temps sans jamais dire où il va. Enfin, chauffeur… moi je dirais plutôt garde du corps.

— Et pourquoi ?

— Parce qu’il est armé. Mais je parle trop, je voudrais causer d’ennuis à personne, commissaire. Seulement j’ai jamais vu un patron de boîte d’ameublement avoir besoin d’une arme.

— Moi non plus, je dois dire. Et ce chauffeur, on peut le joindre, il est causant ?

— Celui d’avant était causant et sûrement trop au goût du patron, il a été viré. Il en a engagé un autre, mais vous n’en tirerez rien. Il est muet.

— On peut toujours tenter.

— On s’est mal compris. Quand je dis « muet », c’est vraiment muet, physiquement. Si c’est par gentillesse que le patron l’a embauché, je comprendrais, mais c’est pas sa qualité première. C’est un peu pour tout ça que je veux aller travailler ailleurs.

— Vous ne vous entendez pas avec le patron ?

— Ce n’est pas un secret de vous dire que personne ici ne s’entend avec lui. Il est trop dur, trop cassant. Et le pire, c’est que je trouve qu’il ne s’occupe pas bien de la boîte. Il ne vérifie pas attentivement les commandes et les livraisons et on se retrouve souvent avec du matériel de mauvaise qualité. Je reçois pas mal de plaintes. À croire qu’à force d’avoir réussi, il s’en fiche un peu. Et c’est les employés qui paient les pots cassés.


Adamsberg retrouva ses sept collègues qui traînaient encore à table, assez gais, à l’auberge. Toutes les discussions cessèrent et les visages se tournèrent vers le commissaire.

— Bonne pioche, dit Adamsberg. J’ai récupéré l’enveloppe extérieure, on a donc son écriture. Mercadet, on a un graphologue dans le coin ?

— Seulement à Rennes, dit le lieutenant après un moment. Mais, enfin si vous acceptez, j’ai fait un an de graphologie avant d’entrer dans la police, ça me passionnait. Je peux peut-être aider ?

Adamsberg lui mit aussitôt l’enveloppe sous le nez. Mercadet étudia l’adresse un long moment en prenant des notes, dans le silence attentif de ses collègues.

— Je dirais, conclut-il, qu’il s’agit d’un homme d’action, encore très tourné vers son passé et peu vers l’avenir. On relève des traces nettes de son éducation scolaire, il forme certaines lettres comme on les lui a apprises, sans leur avoir donné leur caractère d’adulte. Mais ce n’est pas pour autant l’enfant sage : les pointes aiguës de ses lettres, sur le « M », le « Z », le haut de son « T » en « harpon », dans le jargon, montrent une grande capacité d’agressivité. Ce n’est pas un gars que j’envisagerais d’emmerder. Enfin, la grande hauteur de son écriture et de ses majuscules montre son goût de s’affirmer, et sans doute de l’audace. La grande taille de son « M » – qui se rapporte à son « moi » – signale sans doute qu’il est très préoccupé par sa propre personne. En même temps et attention : tous ces aspects sont tellement nets, exagérés, que je dirais qu’il s’agit d’une écriture déguisée, et très savamment.

— Qui ne nous sert donc à rien.

— Un peu tout de même. Une écriture, même très masquée, conserve des traces de la personnalité de l’auteur. Il a pu grandir son graphisme, le faire pencher vers la gauche, mais pas réfréner son « T » en harpon.

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