Читаем Sur la dalle полностью

Adamsberg, carnet en main, résuma pour tous les agents ce que Johan lui avait appris sur le compte de Robic, rentré richissime des États-Unis grâce au legs d’un Américain – de nom Donald Jack Jameson, confirmé par Mercadet –, sur son assassinat immédiat – confirmé par Mercadet –, sur l’amitié qui s’était nouée entre le médecin et ce millionnaire, sur un séjour de Jaffré à Los Angeles – confirmé par Johan –, sur la certitude de Jameson qu’écrire ses dernières volontés portait malheur et qu’il ne s’y résoudrait jamais, conviction qu’il avait dite à son ami Jaffré, enfin sur la manière très explicite dont le médecin avait fait savoir à Robic qu’il avait très bien connu Jameson et que la rédaction d’un testament le surprenait beaucoup de sa part.

— Vert, il est devenu le Robic, dit Johan qui allait de la cuisine à son bar, « vert », c’est ce que m’a dit le docteur.

— Évidemment, dit Veyrenc en fronçant les sourcils, on comprend mieux qu’une demande de tuer le docteur ait pu séduire Robic.

— Mais ce testament, demanda Matthieu, méfiant, il a été contrôlé ?

— Évidemment. D’une part Robic était classé « suspect » par les flics de Los Angeles, d’autre part Jameson a été victime d’une agression mortelle dans la nuit, juste après que le testament en faveur de ce Robic fut posté. Le fameux cachet sacré de la poste faisant foi. Les flics américains sont pas plus cons que nous, ils ont aligné deux et deux. Mais non, le testament a été reconnu valable.

— Mais, insista Matthieu, si le doc et ce Jameson étaient devenus si liés, on peut imaginer que Jaffré a tenté de raisonner son ami.

— Et il l’a fait, confirma Johan. La superstition, c’était pas le truc du docteur.

— Si bien qu’au fil du temps, enchaîna Matthieu, le millionnaire a pu changer d’avis de son plein gré. Auquel cas, le mobile de Robic ne tient pas et cette histoire d’Américain n’a aucun intérêt.

— Bien sûr qu’elle en a ! cria presque Johan du seuil de sa cuisine. Si le docteur avait réussi à convaincre son ami, il aurait jamais dit que le testament était de l’arnaque ! Et de toute façon, pourquoi Donald aurait légué son fric à un « cousin de cousin », et pas à des bonnes œuvres par exemple ?

— Avant de s’énerver sur Robic, dit Adamsberg, je vais rendre visite à sa secrétaire. Rien ne nous dit que la lettre lui était destinée.

— Exactement, dit fermement Matthieu.

XXV

Adamsberg eut Estelle Braz en ligne et se présenta. Elle avait la voix jeune et tout à fait « cordiale ». Adamsberg se répétait sans cesse ce mot dans l’espoir que surgisse l’idée qu’il y avait associée – et qui ne valait peut-être pas un clou –, mais l’idée, boudeuse, restait fermement ancrée au fond de son lac.

— Au contraire, commissaire, si je peux aider pour Louviec. De quoi s’agit-il ?

— C’est vous qui vous occupez du courrier de « Votre logis de A à Z » ?

— Mais oui, dit-elle, assez surprise. Cependant je ne suis pas la seule. On est quatre à gérer le courrier, électronique ça va de soi, mais c’est moi qui suis en charge des lettres postales, qui ne sont pas nombreuses.

— Est-ce que vous vous rappelez avoir reçu vendredi une enveloppe un peu particulière ? Blanche, couverte d’une grande écriture à l’encre épaisse et qui contenait…

— … une autre enveloppe à l’intérieur ? Pardon, commissaire, je vous ai interrompu. Oui, je me la rappelle très bien.

— Pouvez-vous me dire à quoi ressemblait la seconde enveloppe ?

— Elle était blanche aussi, couverte de la même grande écriture, et très spéciale : elle était scellée à la cire de bougie !

— Y avait-il un signe quelconque sur le sceau ?

— Quelque chose de très simple : six traits entrecroisés et c’est tout. Un peu comme une étoile.

— Faits à la main, ces traits ?

— Oui, sans doute avec une règle, ou même une allumette. Vraiment rudimentaire.

— Et vous souvenez-vous du nom de son destinataire ?

— Tout simple. Elle était adressée au patron, monsieur Pierre Robic.

— C’est vous qui ouvrez le courrier de votre patron ?

— Bien sûr, il ne peut pas se charger de toute la paperasse. Mais sur cette seconde enveloppe, en haut à gauche, il y avait écrit et souligné « Personnel » et « Confidentiel ».

— Cela arrive souvent ?

— C’est plutôt rare. Les gens qui lui écrivent « personnellement » envoient leur lettre à son adresse privée. Mais il y en a peu qui la connaissent, et dans ce cas, ils écrivent sûrement ici, sur son mail personnel, que nul ne connaît.

— Et donc ?

— Et donc je ne l’ai pas ouverte et je lui ai fait porter aussitôt.

— Je comprends. Mais la première enveloppe blanche, vous l’avez jetée ?

— Oui, elle n’avait aucun intérêt.

— Et vous sauriez où elle est ?

— Dans la poubelle spéciale pour le papier, tout simplement. Hier, la femme de ménage avait une angine, avec ce temps qui va et qui vient, et aujourd’hui elle est en congé. Donc elle doit toujours y être.

— Et on peut la récupérer ?

— Oui, mais c’est juste l’enveloppe extérieure. Enfin, vous avez sûrement vos raisons. Si vous y tenez, je vais fouiller ma poubelle.

— Merci, madame Braz. À quelle heure puis-je venir la prendre ?

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