– Mes amis, – leur disais-je, – il tombera, pas le moindre doute; tout passe dans ce monde, et la passion du changement est le bon g'enie de la France… Mais ce n’est pas par vous ni pour vous que le r'egime actuel tombera. Le peuple n’est ni pour le gouvernement ni pour vous. La lutte entre les formes gouvernementales ne l’int'eresse pas. Il vous suffit, `a vous, d’avoir
– Il est beau d’esp'erer… mais il est
Mais je quitte mes amis… pour ajouter encore quelques mots sur Paris.
Il est difficile de s’imaginer de loin ce qui se fait ici. Aucune de ces petites, pauvres garanties, donn'ees par le code `a l’individu n’existe plus; une terreur polici`ere domine la ville, une terreur f'eroce et hypocrite qui se tient dans les t'en`ebres, qui se cache derri`ere le mur, qui 'ecoute derri`ere la porte. Les secrets de famille, les confidences amicales, tout tombe dans les mains sales des laquais de l’inquisition la"ique. On fait des perquisitions on emporte les papiers – on ne restitue que les notes des tailleurs et des bottiers.
On craint tout le monde… On craint les portiers, les соmmissionnaires, ses domestiques et les trois quarts de ses amis. Les uns dorment ailleurs que chez eux; d’autres portent toujours un passeport vis'e pour quelque pays libre. Au coin des rues r^odent des figures patibulaires en redingote qui n’est pas faite `a leur taille, en chapeau r^ap'e, avec une moustache militaire. Ces ^etres reconduisent les passants par leur regard, les suivent, les montrent `a d’autres… Ce sont les
Le soir, des bandes d’espions vont `a la chasse des journaux qui n’ont pas l’autorisation de la vente dans les rues. Par de petites ruses, en se parjurant, en mentant, ils parviennent `a acheter un num'ero de
Et qui est-ce donc celui qui fait to<…>[355]
Une soci'et'e anonyme d’intrigants po
Dans une tyrannie – sans tyran – il y a quelque
Cette «
Mais le pr'esident n’est pas la cause du mal, il en est le r'esultat. Le principe morbifique est ailleurs, et d’abord, qui est-il, cet homme?
J’ai eu beau le regarder, je n’ai vu dans ses traits vulgaires,dans ses petits yeux torves, dans son nez d’une ignoble capacit'e – que des qualit'es n'egatives… et c’est ce qui m’a fait peur; c’est pour cela, pensai-je, qu’il sera grand, car
L’honneur de produire ces hommes fades, effac'es, n'egatifs, sans sexe, sans talents et jouant un r^ole historique – appartient exclusivement `a notre si`ecle. J’ai vu de mes propres yeux le roi de Prusse, Pie IX et Louis Bonaparte – ce sont des vanit'es de la m^eme famille <…>[363]