Читаем Том 5. Письма из Франции и Италии полностью

Lorsque j’ai pass'e le pont du Var, et un carabinier pi'emontois m’a demand'e mon passeport pour l’inscrire, – je respirai avec libert'e.

J’ai honte, je rougis pour la France et pour moi-m^eme, mais je l’avoue, le m^eme sentiment s’empara de mon ^ame lorsque je passai la fronti`ere russe.

Enfin je laissai derri`ere moi cette contr'ee de la torture morale, de l’irritation f'ebrile, d’indignation, de col`ere. De ce c^ot'e du pont je serai 'etranger `a tous, je ne connais pas les int'er^ets de ces gens, je ne les partage pas; je n’ai rien `a faire avec eux, ils n’auront rien `a faire `a moi. Ici je peux ^etre n'egativement ind'ependant, me reposer… jusqu’`a ce que la Sainte Hermandade de la police universelle ne commencera sa croisade d’'epuration dans le Pi'emon.

Le carabinier me remit le passeport.

…«Visto da reg. carab. al Ponte Varole il 23 giugno 1850».

Je quittai donc la France le jour de l’anniversaire terrible du 23 juin. Je regardai la montre. Il 'etait quatre heures et demie арr`es-midi.

Il y a deux ans, `a cette heure, une lutte immense et fatale se pr'eparait encore; je regardais, appuy'e `a l’angle d’une maison sous des torrents de pluie comme on terminait une 'enorme barricade pr`es de la Place Maubert.

– Le coeur battait avec force, et je pensais: «Tоbe or not to be».

Not to be – d'ecida le sort. La r'evolution 'etait vaincue. L’autorit'e prit le dessus de la libert'e, la question qui agitait l’Europe depuis 1789 fut r'esolue n'egativement. La honte de la prise de la Bastille fut lav'ee sur la place m^eme par la canonnade de Faubourg St. Antoine.

Apr`es les journ'ees de Juin il ne restait que d’en tirer les cons'equences.

La chose principale 'etait faite. La r'epublique monarchique sauva la monarchie absolue.

La r'evolution 'etait vaincue non `a Vienne, non `a Berlin – mais `a Paris; vaincue non par les Anglais, non par les Russes, non par les 'emigrants et les Bourbons – elle 'etait vaincue par les r'epublicains au nom de l’ordre – de quel ordre? L’ordre de la r'edaction souveraine du National,l’ordre qui amena `a l’'election de Louis Bonaparte, `a l’'etat de si`ege, `a la prise de Rome et qui am`enera encore `a la barbarie du despotisme. Le sang des journ'ees de Juin a oint de nouveau tous les monarques, tous les pouvoirs!

Le caract`ere de l’agonie du vieux monde se d'etermina. Il mourra par l’esclavage, par le marasme de la stagnation, par le mal byzantin: la libert'e l’aurait pouss'e `a la tombe, elle en est indigne.

Un cosaque du Don viendra `a son heure r'eveiller et chasser ces porphyrog'en`etes et ces Pal'eologue… Si par hasard ils ne sont pas r'ev'eill'es avant par le son terrible de la trompette du dernier jugement; du jugement qui tiendra dans des assises immenses le socialisme vengeur, cette N'em'esis populaire. Il n’y aura pas d’appel contre la sentence, pas de refuge chez les Marrast et les Cavaignac, – il n’y aura plus ni Marrast, ni Cavaignac. Le Communisme est pr`es de l’^ame du pl'eb'eien francais qui sent si profond'ement la grande injustice du fait social qui l’opprime – et si peu le respect d^u `a la libert'e individuelle.

– Apr`es les journ'ees de Juin, pas un seul rayon d’une prochaine esp'erance n’est entr'e dans mon coeur. Que de fois j’avais des disputes sans fin avec mes amis; ils me nommaient pessimiste, ils ne voulaient pas voir ce qui s’'etait accompli, ils insistaient `a me faire partager leur foi dans l’avenir. Je ne pouvais faire une pareille concession. J’'etais pr^et `a partager avec eux les dangers, les pers'ecutions, j’'etais pr^et `a p'erir… non par r'esignation, ni par exub'erance de courage – mais bien par ennui et parce que cela me plaisait de rester avec mes amis. Partager volontairement leurs erreurs, leurs illusions – cela au contraire ne m’'etait pas possible. Je ne pouvais me d'etourner de la v'erit'e, parce qu’elle 'etait laide, m’arr^eter devant elle en la niant – parce qu’elle 'etait accablante.

– Et o`u sont maintenant ceux avec qui je discutais apr`es les journ'ees de Juin – les uns dans la prison, les autres diss'emin'es… l’un a d'ej`a longtemps travers'e l’Oc'ean, un autre est au Caire, – un autre se cache en Suisse, un autre – en Angleterre.

Lequel de nous avait raison?

Mais il suffit… Devant ma fen^etre s’'etend la M'editerran'ee, je suis sur la sainte c^ote de l’Italie. J’entre avec paix dans le port et je tracerai sur le seuil de ma maison l’antique pentagrammepour en 'eloigner tout esprit d’agitation et de d'emence humaine.

Traduit `a Lugano

2 juillet 1852.

Treizi'eme lettre

(Une ann`ee plus tard)

Nice, 1 juin 1851

J’ai tenu ma parole. J’ai pass'e une ann'ee enti`ere dans mon hermitage sans avoir 'ecrit d’'ep^itres 'ethico-politiques, sans en avoir lu d’autres publi'ees par nos amis et t^achant d’oublier ceux qui me tomb`erent ant'erieurement sous main. Assis avec contrition et r'esignation au bord de la M'editerran'ee, j’attendais… le beau temps… Mais le beau temps ne venait pas, au contraire tout s’empire, se rembruni.

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