Читаем Vie de Napoléon полностью

À l’époque dont nous parlons, le Piémont, les États de Parme et l’île d’Elbe furent successivement annexés à la République. Ces réunions partielles fournissaient à la conversation. Melzi, témoignant à Napoléon ses craintes pour la réunion du Piémont, le premier consul répondit en souriant: «Ce bras est fort, il ne demande qu’à porter.» L’Espagne lui céda la Louisiane. Il rentra en possession de Saint-Domingue par des démarches qui ne sont pas bien connues, mais qui semblent tout à fait dignes de la perfidie et de l’atrocité d’un Philippe II. Il rassembla à Lyon les citoyens les plus marquants de cette République Cisalpine, la seule belle création de son génie politique. Il leur ôta les rêves de la liberté et les força de le nommer président. L’aristocratie de Gênes, plus méprisable que celle de Venise, fut sauvée pour quelque temps par l’adresse d’un de ses nobles qui, d’abord l’ami de Napoléon, éprouva, depuis, plusieurs années de persécution, en conséquence de ce trait de patriotisme. L’Helvétie fut forcée d’accepter sa médiation. Mais, tandis qu’il empêchait la liberté de naître en Italie, il voulut la ramener en Suisse. Il créa le canton de Vaud et arracha ce beau pays, où la liberté subsiste encore aujourd’hui, à l’avilissante tyrannie de l’aristocratie bernoise. L’Allemagne fut divisée et redivisée entre ses princes suivant ses vues, celles de la Russie et la vénalité de son ministre.

Telles furent en une seule année les actions de ce grand homme.

Les libellistes et Mme de Staël y voient du malheur pour le genre humain: c’est le contraire. Depuis un siècle, ce n’est pas précisément de bonnes intentions que l’on manque en Europe, mais de l’énergie nécessaire pour remuer la masse énorme des habitudes. Tout grand mouvement ne peut être désormais qu’à l’avantage de la morale, c’est-à-dire du bonheur du genre humain. Chaque choc qu’éprouvent toutes ces vieilleries les rapproche du véritable équilibre[51].


On assure qu’à son retour des comices de Lyon, le premier consul avait l’idée de se faire déclarer empereur des Gaules. Le ridicule en fit justice. On vit sur le boulevard une caricature représentant un enfant conduisant des dindons avec une gaule, et au-dessous, ces mots: L’Empire des Gaules. La garde des consuls lui prouva par ses murmures qu’elle n’avait pas encore oublié ses cris de: Vive la République, qui l’avaient si souvent conduite à la victoire. Lannes, le plus brave de ses généraux, qui, en Italie, lui avait sauvé Sa vie deux fois et dont l’amitié allait jusqu’à la passion, lui fit une scène de républicanisme.

Mais un Sénat servile et un peuple insouciant le firent consul à vie, avec le pouvoir de désigner son successeur. Il ne lui restait plus à désirer qu’un vain titre. Les événements extraordinaires, dont nous allons rendre compte, le revêtirent bientôt après de la pourpre impériale[52].

Chapitre XXIV

La machine infernale

La modération du premier consul, si différente de la violence des gouvernements précédents, remplit les royalistes d’espérances folles et sans bornes. Le Cromwell de la Révolution venait de paraître; ils furent assez simples pour voir en lui un général Monk. Revenus de leur erreur, ils cherchèrent à venger leurs espérances trompées, et l’on eut la machine infernale. Un tonneau sur une petite charrette fut confié, par un inconnu, à un jeune enfant. C’était à l’entrée de la rue Saint-Nicaise, il était nuit; l’inconnu, voyant la voiture du premier consul sortir des Tuileries pour aller à l’Opéra, s’éloigna rapidement. Le cocher du consul, au lieu de s’arrêter devant la petite charrette qui barrait un peu le chemin, n’hésita pas à pousser ses chevaux au galop, au risque de renverser la charrette[53]. Deux secondes après, elle éclata avec un fracas épouvantable, lançant au loin les membres du malheureux enfant et d’une trentaine de passants qui se trouvèrent dans la rue. La voiture du consul, qui n’était encore qu’à une vingtaine de pieds de la charrette, fut sauvée parce qu’elle se trouva avoir tourné l’angle de le rue de Malte[54]. Napoléon a toujours cru que le ministre anglais Windham avait prêté la main à cette entreprise. Il le dit à Fox dans la fameuse conversation que ces deux grands hommes eurent aux Tuileries. Fox nia beaucoup, puis se rabattit sur la loyauté connue du gouvernement anglais. Napoléon, qui l’estimait infiniment, eut la politesse de ne pas rire[55].

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