Читаем Vie de Napoléon полностью

Après la cession de l’Espagne par les princes de la dynastie que la guerre y avait placés 90 ans plus tôt, Napoléon voulait réunir une assemblée, faire reconnaître ses droits par elle, établir une constitution, et, au moyen du poids et du prestige de sa puissance, donner le mouvement à la nouvelle machine. L’Espagne était peut-être le pays d’Europe où Napoléon était le plus admiré. Comparez ce système de conduite à celui de Louis XIV en 1713; voyez surtout les correspondances des gens subalternes des deux époques, ministres, maréchaux, généraux, etc.[93], vous reconnaîtrez que l’envie est la principale source du succès de Mme de Staël et des libellistes actuels et des dangers et des ridicules que l’ignoble vulgaire prodigue aux défenseurs du prisonnier de Sainte-Hélène.

Pour faire dériver le droit du nouveau roi des droits du peuple, Napoléon voulut former à Bayonne une convention de cent cinquante membres pris dans les divers corps de la monarchie. La plupart des députés furent nommés par les provinces, les villes et les corporations; les autres furent désignés par le général français qui commandait à Madrid (le grand-duc de Berg, Murat). Dans tout cela, ainsi qu’il arrive dans toutes les révolutions, rien ne fut complètement légal, car les habitudes politiques d’un peuple, qu’on appelle encore sa constitution, pourraient-elles donner des règles pour un changement? Cela implique contradiction. Tout se ressentait du trouble et de la rapidité des circonstances, mais, en tout, on était fidèle aux vrais principes. Par exemple, qui pouvait avoir le droit de nommer les députés de l’Amérique? On prit ce que l’on trouva de plus apparent parmi les Américains en résidence à Madrid, et les choix se trouvèrent excellents. Ces gens-là étaient moins écrasés de préjugés que les Espagnols.

Le 15 juin 1808, la junte ouvrit ses séances; elle comptait 75 membres qui s’élevèrent ensuite à 90. Cette assemblée avait été précédée d’un décret de Napoléon qui déclarait que sur la représentation des principales autorités de l’Espagne il s’était décidé, pour mettre un terme à l’interrègne, à proclamer son frère Joseph roi des Espagnes et des Indes en garantissant l’indépendance de la monarchie et son intégrité dans les quatre parties du monde[94]. Joseph arriva à Bayonne le 7 juin; il quitta avec peine la vie voluptueuse qu’il s’était faite à Naples. Brave comme Philippe V, il n’était pas plus général que ce prince.

Les députés réunis à Bayonne reconnurent Joseph le 7 juin au soir. Le discours du duc de l’Infantado n’exprimant pas une reconnaissance formelle, Napoléon s’écria: «Il ne faut pas tergiverser, Monsieur; reconnaître franchement, ou refuser de même. Il faut être grand dans le crime comme dans la vertu. Voulez-vous retourner en Espagne, vous mettre à la tête des insurgés? Je vous donne ma parole de vous y faire remettre en sûreté; mais, je vous le dis, vous en ferez tant, que vous vous ferez fusiller dans huit jours… non, dans vingt-quatre heures[95]

Napoléon avait trop d’esprit et de générosité pour exécuter cette menace. Dans le langage de l’armée française, on appelle cela: emporter son homme par la blague, ce qui veut dire éblouir un caractère faible.

Après douze séances, la convention termina ses travaux le 7 juillet. Elle avait rédigé une constitution pour l’Espagne. Le projet en avait été adressé, de Bayonne, à la junte du gouvernement de Madrid. Renvoyé à Bayonne, cet acte fut porté à un nombre d’articles beaucoup plus considérable, car de quatre-vingts qu’il avait à Madrid, on arriva à cent cinquante.

D’abord, conformément aux principes, l’on voit ici la convention chargée de faire la constitution, absolument séparée du corps qui gouverne. Le manque de cette précaution a perdu la France en 1792.

Les membres de la convention de Bayonne n’avaient nul goût pour le martyre, comme on l’a vu par leurs discours au roi Joseph; ils procédèrent cependant avec une délicatesse qui semble annoncer beaucoup de liberté. Ne se regardant plus comme compétents pour prononcer l’expulsion d’une dynastie et l’appel d’une autre, ils ne parlèrent pas de cet objet essentiel.

Les députés s’accordent à reconnaître qu’on ne mit aucune entrave à la liberté de leurs délibérations. L’opiniâtreté, avec laquelle les grands d’Espagne défendirent le droit si illibéral de former de grands majorats, montre à quel point ils croyaient à la stabilité du nouvel ordre de choses. On y discuta vivement sur la tolérance religieuse, mot si singulier en Espagne, et sur l’établissement du jury.

Quelle fut pendant ces discussions la conduite du despote? Il n’eut pas l’air de méconnaître un instant l’insuffisance de cette représentation pour sanctionner un si grand changement. Il partait toujours du principe que l’acceptation de la nation suppléerait aux formalités que les circonstances ne permettaient pas de remplir.

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