Читаем Berlin Requiem полностью

À moins que vous ne déteniez des documents compromettants vous permettant d’étayer vos accusations à l’encontre de Furtwängler […], je me verrai forcé d’exprimer avec véhémence mon désaccord quant à la décision que vous avez prise de lui interdire de diriger. Cet homme n’a jamais été membre du parti, n’a occupé aucune fonction officielle après avoir démissionné de sa propre initiative de ses fonctions directoriales auprès de son orchestre […]. En de nombreuses occasions, il a risqué sa vie et sa réputation en intervenant pour protéger amis et musiciens de son orchestre. Je ne crois pas que le fait de rester dans son pays, surtout pour se consacrer au travail qui était le sien et qui ressemblait à une sorte de « croix rouge » spirituelle où à une mission pastorale, soit […] de nature à justifier une condamnation. Bien au contraire. En tant que militaire, vous devriez savoir que rester à son poste requiert parfois davantage de courage que prendre la fuite. Il a sauvé […] la meilleure part […] qui puisse être de rédemption dans la culture allemande. […] Ne sommes-nous pas, nous les Alliés, infiniment plus responsables d’avoir consenti, et cela de notre plein gré, à pactiser avec ces monstres jusqu’à la dernière minute, quand finalement […] nous nous sommes précipités sans grand esprit chevaleresque dans ce combat, sauf bien sûr, la France et l’Angleterre qui ont eu le courage de déclarer la guerre avant d’être elles-mêmes attaquées ? […] Je suis convaincu qu’il est gravement injuste et lâche de notre part de faire de Furtwängler la victime expiatoire de nos propres crimes. […] Si cet homme dorénavant vieux et malade est prêt et impatient de se réatteler à sa tâche et à ses lourdes responsabilités, il devrait y être encouragé, car c’est précisément dans ce Berlin dont il est l’enfant qu’il peut être le plus utile. Si ce pays moribond parvenait à redevenir un membre honorable de la communauté des nations civilisées, ce serait grâce à des hommes, comme Furtwängler, qui ont prouvé qu’ils étaient capables de sauver au moins une partie de leur âme. […] Ce n’est pas en les étouffant que vous parviendrez à vos fins. Vous auriez alors commis un acte de vandalisme aussi réel que celui de nature plus évidente qui consiste à lacérer des tableaux ou à massacrer des églises{6}.

Le général McClure ne veut rien entendre. C’est un personnage buté au service d’une propagande bien rodée. Il affirme que Furtwängler est désormais interdit, d’un commun accord avec les Alliés. De nombreux Berlinois importants demandent que le chef soit autorisé à retourner dans sa ville natale et à ses succès inoubliables. McClure répond :

Перейти на страницу:

Похожие книги