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En supposant cette histoire vraie, y compris l’exécution, il est certain que les deux vieux coquins ne l’avaient pas volée; mais, si indignes de pitié qu’ils fussent, il est non moins certain que le jugement de leur cas appartenait aux tribunaux babyloniens; c’est pourquoi cette conclusion suffit, à elle seule, pour prouver le mensonge du récit biblique. Il est inadmissible que les magistrats de Nabuchodonosor aient laissé juger et supplicier deux des leurs, même indiscutablement coupables, par une réunion de prisonniers de guerre, tenus en servitude; il est impossible que des Juifs, en état d’esclavage à Babylone, aient pu librement et publiquement appliquer la loi de Moïse à deux fonctionnaires de l’état babylonien, à deux personnages officiels qui étaient au nombre de leurs maîtres et oppresseurs. Et l’histoire de Suzanne et des deux vieillards est une de celles qui sont le plus facilement admises! L’art s’en est emparé pour la populariser; elle est une tradition respectée, à laquelle la multitude croit. Vraiment, dirons-nous, on ne lit pas assez la Bible; car la lire, c’est la mépriser et cesser d’y croire, tant les impostures qui la composent y sont maladroites à force de cynisme!

Au chapitre 14 et dernier du livre de Daniel, nous avons tout d’abord un mensonge historique flagrant:

«Le roi Astyage étant mort, Cyrus de Perse fut mis en possession de son royaume; et Daniel mangeait à la table du roi, qui lui accorda des honneurs plus qu’à tous ses meilleurs amis.» (v. 1)

Le lévite qui a écrit ce livre ne sait même pas qu’Astyage, roi de Médie, mort en 559, dont la fille Mandane fut mère de Cyrus, laissa un fils, Cyaxare II, qui lui succéda et régna vingt-trois ans; ce lévite ignore que c’est seulement à la mort de Cyaxare (536), que Cyrus, qui était à la fois son neveu et son gendre, eut en héritage cette couronne de Médie qu’il réunit à la couronne de Perse, Cyaxare II n’ayant laissé aucun enfant mâle. Débutant donc par une si forte blague, ce chapitre promet.

C’est là que nous apprenons que Cyrus adorait à Babylone une idole, nommée Bel; de nombreux commentateurs y voient encore Baal. Or, les prêtres de Bel ou Baal prétendaient que leur idole dévorait pendant la nuit tous les mets que les fidèles déposaient sur son autel durant la journée. La Bible veut nous faire croire que Cyrus avait la naïveté d’avaler une bourde de calibre-là, et qu’il essayait même de convaincre Daniel:

«Quoique l’idole Bel soit en terre recouverte de cuivre, disait-il, c’est un dieu parfaitement vivant, puisqu’il mange et boit tous les jours.» (v. 5)

Daniel, ayant pitié de la jobarderie de Cyrus, le décida à tenter une épreuve. Des viandes et du vin furent apportés comme à l’ordinaire sur l’autel de Bel, et l’on fit retirer les sacrificateurs; puis, Daniel, en présence du roi seul, répandit de la cendre sur le sol; après quoi, le roi et lui s’en allèrent, et Cyrus eut soin de poser son cachet sur toutes les portes. Mais les prêtres avaient une trappe au-dessous de l’autel; ils vinrent donc la nuit par cette entrée secrète et emportèrent tous les vivres pour les boulotter en famille. Le lendemain, la fraude fut aisément démontrée par les traces de pas sur la cendre. Cyrus entra dans une colère bleue, en voyant qu’il avait été si longtemps dupé; il fit massacrer tous les sacrificateurs de Bel, leurs femmes et leurs enfants, et donna l’idole à Daniel, qui la détruisit avec son temple.

«Or, il y avait aussi à Babylone un grand dragon, et les Babyloniens l’adoraient.» (v. 22)

Cyrus dit à Daniel: Ce monstre n’est pas une idole de matière; il est bien vivant, lui; par conséquent, il est dieu. Daniel demanda au roi de lui accorder simplement la permission de combattre ce dragon sans épée et sans bâton. Cyrus y ayant consenti,

«Daniel prit de la poix, de la graisse et de la bourre, qu’il fit cuire ensemble, et il en fit des tourteaux qu’il jeta dans la gueule du dragon, et le dragon creva.» (v. 26)

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