Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Et le ciel se reflète aussi dans les eaux sombres du lac de Tegernsee. Les voitures ont encore ralenti mais le bruit des moteurs résonne toujours, répercuté par les pentes qui entourent le lac. Voici les premières maisons de Bad Wiessee, la forêt s’est écartée, refoulée plus haut au-delà des pâturages. Un camion, portant des S.S. de la Leibstandarte Adolf-Hitler et leur chef Sepp Dietrich, attend au dernier tournant. La colonne des voitures ne s’arrête pas : maintenant chaque seconde compte. Devant la pension Hanselbauer, avant même que les voitures ne soient immobilisées, les hommes bondissent courant le revolver au poing vers le bâtiment dont les volets sont clos. L’herbe et la mousse étouffent leurs pas ; ils encerclent la grosse bâtisse blanche, des officiers S.S. commandent par gestes la manoeuvre. Le silence, rendu encore plus perceptible par le gazouillis intarissable et joyeux des oiseaux. La paix.


Hitler est devant la porte principale, entouré de plusieurs S.S., Brückner est près de lui avec Emil Maurice, tous deux sont armés. Brusquement l’action se déchaîne : d’un coup de pied, la porte est ouverte, alors ce sont des cris gutturaux, les portes qui claquent des femmes de service qu’on bouscule et qu’on repousse dans l’entrée. Goebbels racontera plus tard : « Sans rencontrer de résistance, nous pouvons pénétrer dans la maison et surprendre la bande de conjurés encore plongée dans le sommeil et les mettre immédiatement en état d’arrestation. C’est le Füher lui-même qui procède aux arrestations. Un S.S. sans grade déclare : « Je voudrais qu’immédiatement les murs s’abattent et que le peuple allemand tout entier puisse être témoin de ces faits. Il comprendrait combien notre Führer a raison de demander des comptes impitoyablement et rigoureusement à ceux qui sont coupables. Combien il a raison de leur faire payer de leur vie le crime qu’ils ont commis envers la nation ».


Dans la pension Hanselbauer, tout le monde dort. Brutalement les portes sont ouvertes, certaines sont défoncées, les S.S. hurlent le revolver au poing. Ils courent dans les couloirs.

Dans cette demi-obscurité, des hommes ensommeillés, menacés de mort, puis avançant sous les coups et les cris, sont hébétés. Dans l’une des premières chambres, le comte Spreti, Standartenführer de Munich, n’a pas le temps de se lever : on l’arrache du lit à demi nu, on le pousse dans le couloir sous les insultes. Plus loin, Edmund Heines est surpris avec le jeune S.A. qu’il a gardé contre lui toute la nuit, dans son lit. Goebbels dira : « C’est une de ces scènes dégoûtantes qui vous donnent envie de vomir ». Heines insulté, arrêté, menacé d’être abattu immédiatement, tente de résister. Brückner l’étend de plusieurs coups de poing. Heines à demi assommé ne comprend pas. « Je n’ai rien fait, crie-t-il à Lutze, vous le savez bien, aidez-moi, je n’ai rien fait. » Lutze se contente de répéter : « Je ne peux rien ».


Dehors, dans le couloir, brusquement, le silence s’est fait. Hitler et de nombreux S.S. sont rassemblés devant une porte : c’est la chambre de Roehm. Le Führer est là, le revolver au poing : derrière cette mince paroi de bois, il y a son camarade, le temps passé, tout un versant de sa vie qui va s’abolir. Un policier frappe à la porte, puis le Führer lui-même se met à heurter et quand Roehm questionne, c’est lui qui répond, se nommant. Le chef d’État-major de la S.A. ouvre et le Führer se précipite : il insulte, il crie à la trahison, il menace, crie à nouveau à la trahison. Roehm est torse nu, son visage est rouge, gonflé par la nuit écourtée ; on distingue sur ses muscles adipeux la trace des cicatrices. Il se tait d’abord, puis mal réveillé, comprenant lentement, il commence à protester. Hitler hurle, déclare qu’on lui manque de respect, et annonce qu’il met Roehm en état d’arrestation. Et il court vers d’autres chambres cependant que des S.S. surveillent Ernst Roehm dont la puissance vient de s’effondrer, en quelques minutes, et qui n’est plus qu’un homme corpulent qui s’habille avec difficulté sous les regards ironiques des S.S. Dans une autre chambre, on s’empare du Standartenführer Julius Uhl. Plus tard, Hitler commentant la liquidation des S.A. déclarera : « Un homme avait été désigné pour me mettre complètement hors du jeu : le Standartenführer Uhl a avoué, quelques heures avant sa mort, qu’il était prêt à exécuter un ordre pareil sur ma personne ».


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