Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Reichenau refuse la morgue, la distance : il connaît les soldats qu’il a sous ses ordres. Il participe avec eux à des courses à pied, à des matchs ; il leur parle comme à des hommes, on le dit partisan d’une armée populaire.

Les chefs nazis ont vite distingué ce général ambitieux, membre du Comité allemand des jeux Olympiques, qui est en même temps homme de science et stratège hors de pair. II a été l’un des plus brillants élèves du maître Max Hoffmann dont on murmure que, pendant la Grande Guerre, il a monté les opérations spectaculaires de Hindenburg et Ludendorff. Walther von Reichenau semble ainsi incarner la possibilité d’une liaison vivante entre l’armée traditionnelle et le national-socialisme.

LA REICHSWEHR

Or, c’est là le grand problème de Hitler et des chefs nazis, car à côté d’eux, dans l’Allemagne de 1933, il n’y a plus qu’une seule force : l’armée. D’elle sont sortis les hommes des corps francs et aussi les premiers nazis, mais elle est restée pour la plupart des officiers le seul refuge : armée qui est comme une Église, où l’on entre comme en religion. Plus de 20 % des officiers sont des nobles et puisqu’il n’y a plus d’empereur depuis 1918, ils sont devenus les dépositaires de la tradition et de l’État allemand. Ils attendent. Ils encadrent la petite armée de 100 000 hommes que le honteux diktat, le traité de Versailles, leur a imposée. Ils ont déjà écrasé les spartakistes, les conseils de soldats qui, en 1918-1920, voulaient étendre, comme dit le maréchal Hindenburg, « le bolchevisme terroriste à l’Allemagne ». Ils inventent des méthodes qui permettent de tourner les clauses du traité de Versailles : ils essaient leurs nouvelles armes dans la Russie bolchevique, loin de tout contrôle. Ils ont l’obsession de la revanche, ils désirent laver l’affront de la défaite, cette défaite dont ils veulent croire qu’elle a été provoquée par « un coup de poignard dans le dos ». Ils craignent une invasion française qui briserait définitivement l’Allemagne. Aussi ont-ils lutté contre les Français qui occupent la Ruhr en 1923. Des membres de l’Offizierskorps ont perpétré des attentats, des hommes sortis de l’armée ont assassiné Rathenau. Tendus, maigres, raides, sévères, les officiers de la Reichswehr se veulent l’âme austère et infaillible de l’Allemagne dont l’armée est le coeur vivant sur lequel ils veillent.

Autour de l’armée, il y a les associations d’anciens combattants comme celle du Stahlhelm (casque d’acier) : chaque année le Reichsfrontsoldatentag (journée des soldats du front) rassemble des dizaines de milliers d’hommes autour du Kronprinz ; on porte le casque, l’uniforme feldgrau, on défile avec une canne lourde qui tient lieu de fusil, cependant que retentissent les fifres et que passent les survivants des grandes guerres, droits malgré les ans : guerres de 1866, 1870, 1914. C’est le général Hans von Seeckt qui définit le mieux l’état d’esprit de l’Offizierskorps et de l’armée quand il dit au chancelier Stresemann, le 7 septembre 1923 : « Monsieur le Chancelier, la Reichswehr marchera avec vous si vous suivez la voie allemande. » Mais ce « deutscher Weg », qui en décide sinon les chefs de l’armée ? À partir du 26 avril 1925, tout est simplifié d’ailleurs : le résultat du deuxième tour des élections présidentielles est connu ce jour-là et c’est l’ancien chef du Grand État-major qui est élu Reichsprüsident.

Imposant comme une statue de bronze, Paul von Beneckendorff und von Hindenburg est lui-même fils d’un officier prussien. Cet ancien élève de la Kriegsakademie, combattant des guerres de 1866 et 1870, déjà atteint par la limite d’âge en 1911 est ainsi devenu le président de la République : il symbolise la vieille et immortelle Prusse, les Junker indestructibles et quand, serrant son bâton de Generalfeldmarschall, drapé dans sa capote militaire grise à parements, coiffé du casque à pointe dorée, il s’avance, c’est toute la tradition germanique qui semble avancer avec lui d’un pas solennel et régulier.

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