Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Le jeudi 14 juin c’est, sur le terrain d’aviation de Munich Oberwiesenfeld, une succession d’ordres, de précautions. A 8 h 10, le Führer est arrivé dans sa Mercedes noire. Peu après, descendent d’autres voitures officielles Brückner, Otto Dietrich, Schaub, Hoffmann puis des fonctionnaires de la Wilhelmstrasse. On reconnaît Neurath, le Ministerialrat Thomson, le Legationsrat von Kotze et l’Oberführer directeur du service de presse de Bavière. Hitler plaisante, serre familièrement la main de Bauer son pilote, puis se dirige vers son avion personnel dont les moteurs viennent d’être arrêtés, après un essai. On peut lire sur le haut de la carlingue le nom de l’avion, Immelmann, et sur le fuselage gris le numéro d’immatriculation, 2 600. Ceux qui connaissent bien le Führer décèlent chez lui, malgré sa bonne humeur, des signes de nervosité, un geste fréquent de main vers les cheveux, une démarche saccadée. Il garde son chapeau, à la main et, serré dans un imperméable beige, légèrement voûté, il ressemble à un petit et médiocre fonctionnaire allemand. Pourtant cet homme qui monte l’échelle de fer, que saluent les officiels va rencontrer le chef du gouvernement dont le monde et l’Europe parlent le plus, un homme aux apparences vigoureuses, à la tête rasée, au ton déclamatoire : le Duce Benito Mussolini. Par bien des aspects il a servi de modèle à Hitler et le Chancelier se souvient sans doute de ce jour de 1923 – avant le putsch de novembre, à Munich, imitation de la Marche sur Rome de 1922 – où agitateur politique presque inconnu, il sollicitait du Duce une photo dédicacée que, hautain, Mussolini, refusa d’envoyer. Aujourd’hui, Hitler doit rencontrer Mussolini à Venise.

A 8 h 20 l’avion de Hitler décolle suivi par un deuxième appareil piloté par Schnäbele et qui emporte les différents experts allemands. La discussion, la première entre les deux dictateurs depuis la prise du pouvoir de Hitler, peut être capitale : on doit évoquer l’avenir de l’Autriche, passer en revue les problèmes posés par les rapports entre les deux partis. Surtout, dans les couloirs de la Wilhelmstrasse des réunions discrètes ont eu lieu : des émissaires envoyés par le vice-chancelier Papen, d’autres agissant pour le compte de Goering ont expliqué que le Duce avec sa grande autorité pouvait conseiller au Führer d’en finir avec l’anarchie au sein de son parti. Des envoyés spéciaux ont gagné l’ambassade allemande à Rome ; là, les diplomates ont écouté, demandé des rendez-vous, vu leurs collègues italiens sûrs et surtout les membres du cabinet du Duce – ils ont à mots couverts parlé de Roehm, des violences des S.A. : Hitler écouterait sûrement un conseil du Duce – Rien n’a été dit précisément mais les Allemands se sont fait comprendre, maintenant il faut attendre. Le Duce parlera-t-il et le Führer écoutera-t-il ?

Les deux avions s’élèvent lentement Immédiatement on distingue les sommets des Alpes et, fichées au fond des vallées, les petites plaques brillantes des lacs glaciaires. Au bord de l’un d’eux, le Tegernsee qu’on ne peut voir car l’avion a viré sur l’aile vers l’est, la ville de Bad Wiessee où vient d’arriver le chef d’État-major , le capitaine Roehm. Peu à peu, le ciel, d’abord légèrement nuageux, se découvre et, au-delà du Brenner on aperçoit Brixen, les Dolomites. Hitler, comme il a souvent l’habitude de le faire, s’asseoit près du pilote. Il aime l’avion ; ses campagnes électorales ils les a couvertes, allant de ville en ville, dans son avion personnel. Maintenant ses visites d’inspection, il les réalise avec le même moyen, sautant ainsi en quelques heures d’une région à l’autre. Le pilote montre à Hitler le massif blanchâtre de la Marmelata, sorte de château fort naturel, puis les Alpes vénitiennes et bientôt long et sinueux ruban couché dans les teintes sombres, le Pô. Les avions allemands font deux fois le tour des lagunes, descendant chaque fois un peu plus. Des points scintillants apparaissent dans le ciel : ce sont les escadrilles italiennes qui viennent à la rencontre du Führer. Bientôt les avions survolent Murano et le Lido. A 10 heures, ils se posent sur l’aéroport de San Nicolo.

C’est le soleil d’ahord. Puis la foule des officiels italiens, puis Mussolini en grand uniforme, les diplomates, les Squadre fascistes. Le petit groupe des Allemands fait piètre figure. Hitler dans ses vêtements mal coupés paraît encore plus tassé, plus emprunté. Il marche vers Mussolini, lui serre la main avec respect. Le Duce, la poitrine bombée, condescendant, souriant, montre Venise, ruisselante de lumière, Venise dans sa beauté éclatante et séculaire et qu’un printemps léger paraît rendre encore plus étrangère au temps. L’ambassadeur d’Allemagne, von Hassel, salue le Führer, il est de ceux qui ont fait comprendre au Duce qu’il fallait inciter Hitler à remettre de l’ordre dans les rangs tumultueux de la Sturmabteilung.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза