Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Les voitures ont contourné Bonn par le nord, évitant le centre, abandonnant les bords du Rhin ; passant devant l’ancien château des Électeurs dont l’ombre lourde et massive semble accrocher la nuit ; droit devant, la Poppelsdorfer Allée s’enfonce dans la ville et l’on distingue malgré le faible éclairage les quatre rangées de marronniers d’Inde qui la bordent. Les chauffeurs ont ralenti, mais à nouveau ils accélèrent... parce qu’il faut faire vite, parce que le Führer a hâte de rejoindre l’avion qui attend, hâte d’en finir avec ce mois, hâte d’en finir avec les hésitations qui, après son retour de Venise, n’ont pas cessé de le hanter.

LES INQUIÉTUDES DE HITLER

Au contraire il semble même qu’elles aient augmenté malgré les conseils de Mussolini. Les journaux allemands sont pourtant pleins en ces vendredi et samedi 15 et 16 juin d’articles sur l’importance de la rencontre du Duce et du Führer, mais Hitler reste inquiet. Tous ceux qui le rencontrent notent sa nervosité. Rentré le 16, Hitler s’installe à Munich à la Maison Brune. Là, il se fait longuement commenter le procès des meurtriers de Horst Wessel. Ce S.A. est devenu un symbole du nouveau régime : la jeunesse nazie chante le Horst Wessel Lied et les opposants, à l’étranger, affirment que Horst Wessel n’a pas été abattu, comme l’affirment ses camarades, dans une bataille avec des communistes, mais au terme d’une querelle de souteneurs. Ce qui est sûr, c’est qu’un soir de janvier 1930, des hommes ont tué Horst Wessel chez lui, au n° 62, Grosse Frankfurt Strasse. Aujourd’hui deux d’entre eux, Sally Epstein, 27 ans, et Hans Ziegler, 32 ans, sont jugés. Le meurtrier Höller a déjà été liquidé par les S.A. et d’autres accusés sont en fuite. Hitler se réjouit. Le 15 juin, le jugement a été rendu et Epstein et Ziegler ont été condamnés à mort. Mais il demeure insatisfait. Les journaux n’ont pas assez insisté sur la machination internationale qui fait de Horst Wessel un souteneur. C’est l’honneur du régime, l’honneur des S.A. qui est en cause. Et ainsi ce procès ramène Hitler à ses préoccupations. Quand on lui annonce que ce même vendredi 15 juin, André François-Poncet vient de quitter Berlin pour passer deux semaines à Paris, il s’étonne, s’inquiète : la période est précoce pour des vacances d’été. Ce départ ne confirme-t-il pas les rumeurs qui courent sur le rôle de François-Poncet, instigateur d’un complot qui lierait ensemble les chefs S.A., les généraux Schleicher et Bredow, et l’ambassade de France ? François-Poncet habile comme à son habitude ne quitterait-il pas Berlin au moment où ses alliés s’apprêtent à frapper ?

Hitler s’arrête d’autant plus sur cette nouvelle que les rapports de la Gestapo et du S.D. se multiplient, mettant au jour de nouvelles intrigues. Dans l’entourage de Papen, on se préparerait aussi à agir. Le docteur Jung multiplierait les démarches, les pressions morales auprès du vice-chancelier pour le pousser à se dresser contre le régime. Tschirschky ferait pression dans le même sens. Le Reichsführer Himmler et Heydrich ne cessent d’adresser des mises en garde au Führer : ils signalent notamment le 16 juin la visite que Papen doit faire le lendemain, dimanche 17 juin, à l’Université de Marburg. Hitler prend connaissance des rapports, mais que peut-il contre l’intention de Papen sinon parler aussi ? Comme prévu le Führer se rendra donc à Géra et s’adressera aux cadres du Parti et aux organisations nazies dans cette ville industrielle, l’un des vieux fiefs socialistes, aujourd’hui voué à l’hitlérisme.

Ce dimanche du milieu de juin, s’ouvre ainsi comme un moment important de la pièce qui depuis la prise du pouvoir se met en place en Allemagne.

À Berlin, pourtant, c’est la fête : sur le champ d’aviation de Tempelhof, des milliers de personnes sont réunies pour un grand meeting aérien : Hermann Goering a décidé d’offrir à la capitale du Reich un immense ballon libre, mais, retenu par ses obligations ministérielles ou soucieux de donner le change, d’endormir la méfiance et l’hostilité des S.A., il a délégué ses pouvoirs à l’Obergruppenführer S.A. Karl Ernst. Celui-ci, au milieu des fanfares et des acclamations, baptisera le ballon du nom de Hermann Goering puis, montant dans la nacelle, il le pilotera. Des centaines de mouchoirs, de bras tendus saluent l’envol de ce qui semble symboliser l’union des hommes du Parti, la réconciliation en ce dimanche 17 juin des S.A. avec Goering. Mais Karl Ernst est inscrit sur les listes de Heydrich en très bonne place, et la fête aérienne n’y change rien.

LE DISCOURS DE MARBURG.

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