Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Samedi 30 juin, 1 h 50. La brise s’est levée. Douce et régulière, elle vient du Rhin poussant vers les hauteurs la brume humide. Autour de l’avion, les personnalités nazies se sont rassemblées. Goebbels serre des mains. Hitler, soucieux, fait de brefs et mécaniques saluts nazis, puis le Führer monte l’étroite échelle de fer et le pilote qui est déjà dans l’appareil lui tend la main ; Goebbels, qui semble soulever avec peine sa jambe raide, grimpe à son tour ; Brückner disparait le dernier se courbant en deux pour pouvoir se glisser dans l’avion. Il est 1 h 50 du matin. De la tour de contrôle, une petite construction blanche, basse, éclairée, un signal lumineux confirme l’indication radio : le pilote lance les moteurs les uns après les autres et leur vrombissement aigre d’abord, puis régulier, résonne, répercuté au loin par les hauteurs qui bordent le fleuve. L’appareil commence à rouler lentement, cahotant, prenant la piste qui se dirige vers le Rhin, affrontant la brise de face, accélérant, arrachant d’abord son empennage du sol, puis augmentant encore sa vitesse et décollant enfin aux limites est du terrain, passant au-dessus des barrières, faisant courber les herbes. De la tour de contrôle au pied de laquelle quelques officiels se sont rassemblés, on n’aperçoit plus bientôt que les feux de position rouges et verts qui clignotent dans la nuit qui semble déjà, vers l’est, devenue moins noire et plus grise. Alors que les chefs nazis qui ont accompagné le Führer se dirigent vers les voitures, l’avion prend en enfilade la vallée du Rhin, puis amorce une courbe vers le sud-est, vers Munich.

Très vite l’avion a laissé à sa droite la ville de Bonn, signalée sous la brume par le pointillé des lampadaires.

LA MULTIPLICATION DES INCIDENTS.

Bonn : le vendredi 22 juin, il y a à peine une semaine, l’université de la ville a été le théâtre d’un incident qui inquiète les nazis. Ce matin du vendredi 22 juin, le Gauleiter Grohé, le responsable des organisations nazies, est reçu à l’université. Autour de l’ancien château des archevêques électeurs de Cologne qui abrite l’université, le service d’ordre des groupes nazis est impressionnant : jeunes de la Hitler-Jugend, S.S. et S.A. placés près de l’entrée principale et, dispersés dans le grand jardin qui se trouve derrière le château, de nombreux policiers déambulent dans les allées. Grohé doit parler dans la salle des fêtes de l’université, l’Aula monumentale. Les professeurs, les dignitaires nazis sont au premier rang. À l’entrée du Gauleiter, les étudiants se sont levés. Les représentants des Corporations sont placés sur l’un des côtés de l’amphithéâtre. Le Gauleiter commence son discours dans le silence : il parle du conflit qui oppose la jeunesse hitlérienne et les organisations confessionnelles d’étudiants, il évoque des incidents qui ont eu lieu, il excuse naturellement les violences des Hitler-Jugend : « Si la Hitler-Jugend a été parfois maladroite dans ses méthodes, c’est l’esprit de la jeunesse qui explique cela. Les responsables de la Hitler-Jugend ont pour tâche de ramener cet esprit révolutionnaire de la jeunesse dans les limites nécessaires ». Ainsi sont absoutes les agressions, les vindictes dont se sont souvent rendues coupables les Jeunesses Hitlériennes. Brusquement, alors que le Gauleiter Grohé continue de parler, les représentants des Corporations sans un mot se lèvent et quittent la salle en groupe. Grohé s’interrompt, un murmure parcourt l’assistance, un professeur se lève puis se rassied jugeant son intervention inutile, enfin la séance reprend, mais le malaise est perceptible et le Gauleiter abrège son intervention. Il quittera rapidement le château dans sa lourde voiture noire, salué par les autorités universitaires. Sur le visage du Recteur on lit l’inquiétude et le désespoir, le Gauleiter Grohé paraît hors de lui.

Le camouflet qu’il vient de recevoir est d’importance : la presse ne s’en fera pas l’écho, mais les nazis s’inquiètent. Après le discours du vice-chancelier Papen à Marburg et l’accueil qu’il a reçu des étudiants et des universitaires, l’incident de Bonn semble indiquer que les nazis ne parviennent pas à arrêter la montée de l’opposition dans les milieux intellectuels : n’est-ce pas un signe de plus indiquant que dans les cercles modérés, conservateurs, intellectuels, religieux, on s’écarte du régime ?

N’est-ce pas la preuve qu’il faut réagir vite, montrer à l’Allemagne, aux opposants de tous bords que le nazisme ne peut ni se dissoudre, ni se balayer, qu’il tient l’Allemagne et assurera l’ordre à n’importe quel prix ?

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