Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Pourtant ces combattants des premières heures du nazisme, ces hommes qui ont participé aux assassinats et dont certains ont été mêlés à l’affaire de l’incendie du Reichstag, ces chefs S.A. qui, parce qu’ils connaissent le passé de leurs camarades aujourd’hui membres des S.S. ou de la Gestapo, qu’ils n’ignorent rien de tant de règlements de comptes maquillés en faits divers anodins, ces vieux Alte Kämpfer ne paraissent pas se méfier.

Devant la pension Hanselbauer face au lac, les voitures stationnent, les visites se succèdent, les S.A. de la région, les responsables qui arrivent de toute l’Allemagne sont détendus, joyeux. Certains, ce dimanche 24 juin, se précipitent dans l’eau glacée du lac de Tegernsee ; d’autres somnolent ou boivent. Roehm plastronne, entouré de ses jeunes aides de camp, il répète, devant des auditeurs nouveaux chaque fois, qu’il a confiance dans le jugement du Führer, son vieux camarade Adolf Hitler qui, finalement tranchera en faveur de la Sturmabteilung. Certains chefs S.A. expriment des inquiétudes : Roehm éclate de rire ou balaie d’un geste les objections : quand le Führer aura pris connaissance, ici-même, dans la grande salle de la pension Hanselbauer, des doléances des S.A., il ne pourra que s’incliner et leur donner raison. Et puis si... Le capitaine Roehm n’achève pas ses menaces à demi formulées, de toute façon, elles se situent dans l’univers de l’impossible. Et la fête éclate dans ce dernier dimanche de juin, on chante le Horst Wessel Lied, on boit la bière légère de Munich. Tour à tour, les chefs S.A. présents lèvent leurs chopes, prononcent des allocutions à la gloire de la Sturmabteilung. On flétrit les associations d’anciens combattants responsables du meurtre de Quentzin. Roehm dit quelques mots, puis l’on reprend en choeur des chants de guerre. Dans la petite ville, les curistes, paisiblement, longent le bord du lac. Des Munichois sont venus passer ce dimanche à la montagne : certains applaudissent ou saluent quand ils croisent les voitures des S.A. Il fait beau, l’air est vif et les uns encourageant les autres, des S.A. plongent à nouveau dans les eaux du lac.

LES DERNIERS PRÉPARATIFS

Pendant que les S.A., le corps nu, s’ébrouent dans l’eau bleutée du Tegernsee, au siège de la Gestapo, à Berlin, Himmler et Heydrich reçoivent les responsables S.S. d’Allemagne : la plupart sont arrivés à Berlin la veille et ont passé la nuit dans les casernes S.S. ou bien au 8 Prinz-Albrecht-Strasse. Maintenant, alors que Berlin sous le ciel d’été s’apprête à vivre un dimanche de détente, les officiers de l’Ordre noir sont réunis autour de leurs chefs. C’est Heydrich qui parle : toujours efficace et glacé, il va droit au but ; l’État-major de la Sturmabteilung, dit-il, prépare une révolte qui va être déclenchée avant peu, d’ici à quelques jours. Les mots tombent comme un couperet ; cette révolte S.A. devra être prévenue – Heydrich insiste sur le terme – et réprimée avec la plus extrême rigueur. Les listes des conjurés S.A. et de leurs complices ont été fournies déjà sous pli scellé aux différentes formations S.S. Le moment venu, l’exécution des ordres devra se faire sans défaillance. Avec la rigueur nationale-socialiste. Les complices qui n’appartiennent pas à la S.A. devront aussi être pourchassés. Il faudra suivre les consignes, sans considération du passé des complices, de leur grade dans la S.A. ou la Reichswehr.

Les chefs S.S. écoutent, enregistrent la détermination de Heydrich et de Himmler. Chez certains d’entre eux qui ont, pour différentes raisons, eu à souffrir des S.A., que la réussite de tel ou tel ancien camarade a ulcérés, la joie monte : enfin le jour est proche où leur rancoeur accumulée deviendra action politique bienfaisante pour l’Allemagne. Et ils liquideront aussi ces prétentieux qui ergotent et contestent parce qu’ils sont généraux de la Reichswehr ou conseillers de Franz von Papen.

Ce jour précisément, ce dimanche tranquille de juin où un degré de plus est franchi, le général von Schleicher regagne Berlin. Des amis sûrs, sans doute en poste à la Bendlerstrasse, l’avaient averti, au printemps, du danger qu’il pouvait courir. Il a entrepris un long voyage en voiture, après avoir séjourné un temps sur les rives apaisantes et verdoyantes du lac de Starnberg.

Maintenant, avec sa femme, il rentre dans la capitale et retrouve sa villa bourgeoise et cossue des faubourgs. Une fois de plus, il lui semble que son flair ne l’a pas trompé : le calme règne. Ses amis s’étaient inquiétés à tort. La vie va reprendre son cours. Schleicher ne se doute pas que ce même jour Heydrich, Himmler et les chefs S.S. achèvent leurs derniers préparatifs. Il ne sait pas qu’il figure sur leurs listes et que le dimanche 24 juin, coloré par la joie qu’il éprouve à retrouver Berlin, est son dernier dimanche.

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