Читаем La nuit des longs couteaux полностью

L’aube. C’est le Führer qui paraît le premier à la porte du Junkers. Il descend rapidement l’échelle métallique, puis il se met à marcher vers les voitures ; les membres du Parti, les chefs S.S. qui l’attendent ont peine à le suivre : il fait de grandes enjambées nerveuses, le chapeau à la main, le bras rageusement secoué. Il n’a salué personne : il va et Goebbels, loin derrière déjà, tente de le rejoindre de sa démarche maladroite de boiteux.

L’aube, à peine commencée. Un peu en retrait, presque dissimulés parce que leurs masses grises se confondent avec les zones d’ombre, deux véhicules blindés que le général commandant le Wehrkreis VII, la région militaire de Munich, a fait placer sur le terrain pour protéger le Führer. Un camion militaire stationne aussi, près des voitures. Les soldats, le fusil serré entre les genoux, casqués, attendent depuis plus d’une heure. Le camion et les véhicules blindés doivent suivre le cortège officiel et en assurer la couverture militaire. L’officier commandant le détachement s’avance vers le Führer. Il a à ses côtés un officier de l’Abwehr. Hitler les salue rapidement. Tout est brusque en lui et révèle la nervosité, la détermination. Il écoute le rapport des deux officiers de la Reichswehr, puis un officier des S.S. fait une analyse de la situation à Munich. Les S.A. qui avaient manifesté dans les rues sont tous rentrés chez eux. Ils attendent les ordres. Hitler semble à peine entendre. Il commence à parler : la voix est sourde, les mots se bousculent. Il ne veut pas de couverture militaire : il remercie la Reichswehr mais elle doit rester étrangère à cette action, ne pas se mêler de cela. Il insiste, répète les mots : ne pas se mêler de cela et d’un geste de la main il appuie sa volonté. Tourné vers l’officier de l’Abwehr, Hitler ajoute : « C’est le jour le plus dur, le plus mauvais de ma vie. Mais, croyez-moi, je saurai faire justice. Je vais me rendre à Bad Wiessee. » Il brandit son poing gauche, déjà il fait quelques pas, puis conclut :   « Avertissez immédiatement de nos intentions le général Adam. »

Adam commande le Wehrkreis VII. Les messages se sont succédé à son État-major  car la région de Munich joue un rôle capital dans le déroulement de l’action. Le lieutenant colonel Kübler, le chef d’État-major  d’Adam, est d’ailleurs resté à son bureau toute la nuit, attendant les ordres. Peu après 4 heures, il a reçu de la Bendlerstrasse confirmation de la mise en état d’alerte de plusieurs unités (artillerie, génie, transmissions, train). Le 19eme régiment d’infanterie doit être maintenu sous les armes, en état de marche afin de pouvoir éventuellement rétablir l’ordre sur une ligne qui joint Bad Tölz aux deux lacs de Schliersee et de Tegernsee. A 4 h 15, des coups de sifflets retentissent dans la caserne centrale de Munich. Les hommes qui ont déjà revêtu leur uniforme, courent dans les couloirs, le casque à la main. Le lieutenant-colonel Kübler est dans la cour, écoutant le bruit familier des centaines de lourds souliers qui dévalent les escaliers, des commandements qui claquent. Bientôt les carrés des compagnies s’ordonnent et le silence se rétablit, cependant que le lieutenant-colonel Kübler passe ses hommes en revue.

L.’aube a vite gagné tout le ciel, mais les objets, les silhouettes, les arbres restent enveloppés d’un halo d’ombre. C’est une lumière qui donne une impression de froid et d’incertitude. Le Führer a près de lui Wagner, le ministre de l’Intérieur, Gauleiter de Bavière. Sur le visage massif du nazi, rond, pâle, se lisent la tension, l’inquiétude, la fatigue. Depuis hier soir, chaque heure a apporté un élément nouveau : les coups de téléphone qui se sont succédé de Berlin, de Godesberg, les consignes de Himmler. Les choix qu’il faut faire et qui peuvent coûter la vie. Wagner debout près d’une voiture expose son point de vue sur la situation à Munich. Tout est calme. L’Obergruppenführer S.A. Schneidhuber doit encore se trouver consigné au ministère de l’Intérieur. Hitler écoute, puis donne quelques ordres brefs : la police politique bavaroise, rouage que Heydrich et Himmler ont mis au point, la fameuse Bay Po Po doit entrer en action, arrêter les chefs S.A., surveiller avec les S.S. la gare de Munich où vont arriver les invités de Roehm et de Hitler et les empêcher de se rendre à Bad Wiessee.

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