Читаем Les lauriers de flammes (1ère partie) полностью

Celle-ci frémit à ce contact inattendu, mais retint l'exclamation irritée qui lui venait ; Jason la tenait sous son regard, guettant sa réaction. Alors, tout doucement, elle se redressa dans son lit, se tourna sur le côté. Mais si elle reçut un choc en posant les yeux pour la toute première fois sur son fils, ce ne fut pas celui qu'elle attendait.

Non seulement, il n'y avait rien dans ce bébé qui rappelât son affreux géniteur, mais il était véritablement beau comme un chérubin et, malgré elle, le cœur de la jeune femme manqua un battement...

Dans l'assemblage absurde et compliqué de ses vêtements brodés, le petit prince dormait avec beaucoup de sérieux et d'abandon, ses petits doigts, semblables à de minuscules étoiles de mer, sagement étalés sur son lange de laine douce. Sous son bonnet garni de Valenciennes moussaient de fins cheveux noirs, légers comme un brouillard et qui bouclaient au-dessus d'une petite figure ronde dont le teint duveteux évoquait celui d'une pêche de vigne. Il devait faire quelque rêve agréable, car les coins de sa petite bouche frémissaient légèrement comme s'il s'essayait déjà au sourire...

Marianne, fascinée, le dévorait des yeux. La ressemblance avec le marquis d'Asselnat était indéniable. Elle tenait surtout à la forme de la bouche, au dessin du minuscule menton, déjà volontaire, et au grand front bien modelé qui annonçait l'intelligence.

En contemplant ce tout petit personnage dont elle avait eu tellement peur, Marianne eut la sensation que quelque chose s'agitait en elle, quelque chose qui avait des ailes et qui cherchait à se libérer. C'était comme si une autre naissance s'était préparée à son insu, dans le secret, née d'une conspiration entre son cœur et son esprit, une force inattendue qui se levait et qui ne lui demandait pas si cela lui convenait.

Avec une espèce d'appréhension, elle avança un doigt précautionneux et, tout doucement, avec la légèreté d'un papillon, elle toucha l'une des petites mains. C'était un geste timide qui n'osait pas s'avouer une caresse... Mais brusquement la menotte s'anima, écarquilla ses petits doigts et les referma sur celui de sa mère qu'elle retint prisonnier avec une fermeté inattendue chez un nouveau-né.

Alors quelque chose craqua en Marianne. C'était comme une fenêtre brutalement ouverte par un vent de tempête et la chose qui se débattait en elle prit son vol et monta vers le ciel en l'inondant d'une joie presque douloureuse à force d'intensité... Des larmes jaillirent de ses yeux et se mirent à couler le long de ses joues, petit ruisseau rafraîchissant qui balayait les rancunes, les dégoûts, toute la boue qui, si longtemps, avait englué l'âme de Marianne en l'étouffant... Qu'importait maintenant la manière dont cet enfant avait fait irruption dans sa vie et dont, minuscule et impitoyable tyran, il avait exigé d'elle sa substance ? Elle découvrait avec une stupeur émerveillée qu'il était sien, chair de sa chair, souffle de son souffle et qu'elle le reconnaissait pour tel.

Debout de chaque côté du lit, les deux hommes retenaient leur respiration et s'interdisaient le moindre mouvement, regardant seulement s'accomplir sous leurs yeux ce miracle de l'amour maternel qui s'éveillait. Mais quand la jeune femme, prisonnière de son fils, se mit à pleurer, Jason de nouveau se pencha, souleva tout doucement le bébé et le déposa dans les bras de sa mère qui, cette fois, se refermèrent sur lui.

La petite tête soyeuse se nicha d'elle-même contre le cou tiède en une caresse involontaire qui bouleversa Marianne. Alors, elle releva sur Arcadius qui pleurait sans retenue et sur Jason qui souriait un regard que les larmes faisaient scintiller comme des émeraudes au soleil.

— Ne faites donc pas cette tête-là, murmura-t-elle. Votre petit complot a réussi. Vous m'avez battue...

— Il n'y avait pas de complot, fit Jason. Nous voulions seulement que tu conviennes que ton fils est le plus bel enfant du monde.

— Eh bien, c'est fait. J'en conviens.

Cependant Jolival, qui ne se souvenait pas d'avoir jamais autant pleuré, renifla, fouilla fébrilement ses poches, en tira à la fois un mouchoir dans lequel il émit un bruit semblable à la trompette du Jugement Dernier et sa montre qu'il regarda avec une brusque inquiétude avant de tourner un œil navré vers Marianne. Jason qui avait suivi son manège comprit et lui épargna le mauvais rôle de trouble-fête.

— Je sais ! dit-il calmement. Il est plus que l'heure et O'Flaherty doit être déjà sur la plage...

Le voile de bonheur tout neuf et tout fragile qui enveloppait Marianne se déchira d'un seul coup.

Toute à sa découverte, elle avait, un instant, oublié ce qui la menaçait.

— Oh non ! gémit-elle. Pas déjà ?

Перейти на страницу:

Похожие книги

Секреты Лилии
Секреты Лилии

1951 год. Юная Лили заключает сделку с ведьмой, чтобы спасти мать, и обрекает себя на проклятье. Теперь она не имеет права на любовь. Проходят годы, и жизнь сталкивает девушку с Натаном. Она влюбляется в странного замкнутого парня, у которого тоже немало тайн. Лили понимает, что их любовь невозможна, но решает пойти наперекор судьбе, однако проклятье никуда не делось…Шестьдесят лет спустя Руслана получает в наследство дом от двоюродного деда Натана, которого она никогда не видела. Ее начинают преследовать странные голоса и видения, а по ночам дом нашептывает свою трагическую историю, которую Руслана бессознательно набирает на старой печатной машинке. Приподняв покров многолетнего молчания, она вытягивает на свет страшные фамильные тайны и раскрывает не только чужие, но и свои секреты…

Анастасия Сергеевна Румянцева , Нана Рай

Фантастика / Триллер / Исторические любовные романы / Мистика / Романы