Читаем Les lauriers de flammes (1ère partie) полностью

— Je comprends cela, rétorqua Jason sèchement. Plusieurs heures sans rien boire, c'est long ! Où étiez-vous, monsieur O'Flaherty ? Avez-vous trouvé un cabaret encore ouvert ?

— A l'abri et dans un lieu saint encore, grogna l'Irlandais en désignant la forme confuse d'un petit couvent de Derviches Tourneurs qui mettait une tache blanchâtre contre la masse noire de la mosquée. Vous n'avez peut-être pas remarqué, mais il fait un vent à déraciner un chêne. C'est tout juste si on pouvait tenir debout sur la plage.

— Vous avez un bateau ?

— Oui. Lui aussi est à l'abri... là, sur la plage, dans cette cabane de pêcheur que vous apercevez peut-être. Maintenant, si je peux me permettre un conseil, il faudrait filer si nous ne voulons pas effectuer notre abordage en pleine lumière. Le jour ne tardera plus.

— Allons-y ! Sortez le bateau !...

Vivement, tandis que les hommes couraient à la cabane, Jason se tourna vers Jolival et, à sa manière habituelle, brusque et chaleureuse qui lui gagnait les cœurs si facilement, il saisit ses deux mains qu'il serra :

— C'est ici que nous nous séparons. Adieu, mon ami ! Veillez bien sur elle ! Je vous la confie une fois encore.

— Je ne fais que ça, grogna le vicomte en s'efforçant de maîtriser une désagréable sensation de catastrophe en suspens. Prenez plutôt soin de vous-même, Beaufort ! Une guerre n'est jamais de tout repos.

— Soyez sans crainte ! Je suis indestructible. Veillez aussi sur le bébé. L'amour de sa mère pour lui est de bien fraîche date et encore très fragile, il me semble. Je ne pourrai peut-être pas m'occuper de lui avant longtemps.

Les mains du corsaire étaient chaudes, fortes et sûres. Spontanément, Jolival lui rendit son geste amical qu'un léger remords, cependant, gâchait un peu. Il en venait à regretter maintenant, en face de ce garçon prêt à se comporter en père pour le fils d'un autre, de ne pas lui avoir dit toute la vérité. Evidemment, le prince Corrado l'avait approuvé de n'avoir pas révélé sa véritable identité, mais, à cette minute, Jolival le regrettait car, de toute évidence, Jason s'attendait à ce que Marianne, le jour où elle mettrait le pied sur la terre américaine, le fît en compagnie du petit Sebastiano. Et il n'aimerait peut-être pas qu'il en fût autrement...

Tandis que les hommes, sous la direction de Craig, descendaient le bateau, un long caïque solide et maniable qui devait voler sur l'eau, le vicomte, tout à coup, se décida :

— Il y a encore quelque chose que je voudrais vous dire... concernant la naissance de l'enfant ! Quelque chose que j'ai beaucoup hésité à vous apprendre parce que je ne m'en reconnaissais pas le droit, mais, à cette minute...

— Qu'est-ce que cette minute a de particulier pour que vous décidiez de révéler un secret qui ne vous appartient pas... et que je connais peut-être déjà ?

— Que vous...

Le corsaire se mit à rire. Sa grande main s'abattit sur l'épaule de Jolival, brutale et rassurante.

— Je suis peut-être moins idiot que vous et Marianne ne vous plaisez à l'imaginer, mon ami ! Aussi soyez en paix avec vous-même. Vous n'avez rien révélé parce que vous n'aviez rien à dire. En outre, je n'ai nullement l'intention d'imposer mon nom au jeune Sant'Anna. Maintenant, adieu !...

Subitement, Jason attira Jolival à lui, l'embrassa sur les deux joues :

— Donnez-lui ces deux baisers... et redites-lui que je l'aime, jeta-t-il en s'éloignant.

Puis, il courut rejoindre ses hommes qui mettaient la barque à l'eau avec mille difficultés. La mer semblait vouloir rejeter l'embarcation téméraire qui prétendait la chevaucher. Contre les grandes éclaboussures de l'écume, Jolival pouvait voir les formes confuses des hommes qui s'agitaient et chercha machinalement dans sa mémoire un bout de prière attardé.

Mais, soudain, il y eut une exclamation de triomphe et Jolival ne vit plus rien du tout.

— Ça y est tout de même ! cria en italien une voix déjà lointaine. Mais c'est une vraie nuit pour le diable !

Resté seul sur la plage, Jolival frissonna. Une nuit pour le diable ?... Peut-être ! Le caïque avait disparu, comme si la grande gueule noire de la mer, pareille à celle de quelque monstre démoniaque, l'avait soudain englouti. On n'entendait plus rien que le bruit furieux du ressac et les hurlements du vent. L'audacieux esquif survivrait-il encore ?

Incapable de se libérer de l'angoisse qui l'étreignait, Jolival releva machinalement le col de son manteau et remonta vers les trois platanes dépouillés auxquels étaient attachés les chevaux qui les avaient amenés de Bebek. Il n'avait guère envie de rentrer. Pour quoi faire, d'ailleurs ? Marianne le harcèlerait de questions auxquelles il serait bien incapable de répondre puisqu'il n'était même pas en mesure de savoir si, à cette minute précise, le caïque ne s'était pas déjà perdu corps et biens...

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