Читаем Les lauriers de flammes (1ère partie) полностью

Fébrilement, comme si maintenant elle se sentait prisonnière, elle tendit le bébé à Jolival, rejeta ses couvertures et voulut se lever. Mais elle avait trop présumé de ses forces et, à peine ses pieds eurent-ils touché le sol, qu'un vertige la prit et, avec une plainte, elle s'abattit dans les bras de Jason qui avait fait rapidement le tour du lit.

Un instant, il la tint serrée contre lui, soulevée de terre et s'alarma de la sentir si légère. Brusquement déchiré par cette séparation qu'il n'avait pas imaginée si cruelle, il couvrit de baisers son visage, puis, doucement, avec mille précautions, il la remit au creux soyeux de son lit dont il ramena soigneusement les couvertures sur le corps frissonnant.

— Je t'aime, Marianne... N'oublie jamais que je t'aime. Mais, par pitié, sois raisonnable !... Nous nous retrouverons bientôt, j'en suis certain... Quelques semaines, quelques semaines seulement et nous serons ensemble de nouveau, et tu auras retrouvé tes forces, ta santé... et plus rien ne nous séparera.

Il était si visiblement bouleversé qu'elle lui dédia un sourire tremblant, mais où l'ironie pointait, signe tangible du retour de Marianne au goût de la bataille.

— Rien ?... et la guerre ?

A nouveau il l'embrassa sur le nez, sur le front, sur les lèvres et sur ses deux mains.

— Tu sais bien qu'aucune catastrophe mondiale, aucune force humaine n'a le pouvoir de nous séparer à jamais. Ce n'est pas une pauvre guerre qui saura y parvenir.

Et, comme s'il craignait de se laisser gagner par un attendrissement où son courage se fût dilué, il s'arracha des bras de la jeune femme et passant comme une tempête devant Jolival qui, l'enfant sur les bras, ne savait quelle contenance prendre, il sortit en courant.

Indécis, Jolival jeta un regard sur Marianne. Devait-il lui rendre le bébé ? Mais maintenant, tout son courage à nouveau envolé, elle sanglotait éperdument, couchée sur le ventre et la tête enfouie dans ses oreillers. La raisonner était, à cette minute, un travail bien au-dessus des forces du vicomte et puis il tenait à suivre Jason afin de s'assurer par lui-même du succès ou de 1'echec de sa folle tentative.

Alors, quittant la chambre sur la pointe des pieds, il alla rendre le petit Sebastiano à dona Lavinia.

Dans la grande chambre, il n'y eut plus que le bruit des sanglots et le ronflement du poêle. Mais, dans la nuit froide du dehors, un vent de tempête se levait...

7

UNE NUIT POUR LE DIABLE...

Lorsque Jason, Gracchus et Jolival atteignirent le lieu du rendez-vous, qui était ce même coin discret et proche de la mosquée Kilidj Ali Pacha où naguère le clephte Théodoros avait fait aborder Marianne inconsciente, il faisait si sombre, malgré les obligatoires lanternes de fer-blanc, qu'ils ne virent pas tout de suite Craig O'Flaherty et ses hommes.

Un vent violent balayait la plage arrachant des paquets de sable et précipitant la mer en lourds rouleaux grondants qui éclaboussaient la nuit de blanche écume.

C'était le moment, proche de l'aube, où la nuit se fait plus opaque et plus tenace, comme si, de toutes ses forces noires, elle cherchait à s'accrocher encore à la terre pour mieux résister à l'attaque de la lumière.

Les trois arrivants étaient en retard de plus de quatre heures. Les préparatifs du départ avaient été plus longs qu'on ne le pensait à cause de Gracchus qui, enfermé dans une cave par une distraction du sommelier, avait momentanément disparu. En outre, sur les deux lieues de route qui séparent Bebek de Galata, le groupe avait été arrêté plusieurs fois par des patrouilles de janissaires qui cherchaient un fuyard, un sacrilège qui, par trois fois, avait fait scandale dans trois mosquées différentes.

La plage était si déserte et si noire qu'un instant les trois hommes s'y crurent seuls. Jason, mécontent, jura dans le vent sans souci d'être entendu.

— Ils ont peut-être pensé que cette tempête rendrait l'embarquement impossible, hasarda Jolival. A moins qu'ils n'aient cru le rendez-vous remis...

— Ils n'avaient pas à croire ou à penser ! grogna Jason. Quant à la tempête, ce sont des marins, j'imagine ? Au surplus je suis certain qu'ils ne sont pas loin. Je connais O'Flaherty.

Ses jurons auraient sans doute suffi, mais, pour plus de sûreté, il siffla trois fois d'une certaine façon et, un instant plus tard, une réponse identique lui parvint. Presque aussitôt, Craig O'Flaherty et ses hommes apparaissaient, ombres noires que les yeux du corsaire, habitués aux pires crasses de l'océan, distinguèrent rapidement malgré la nuit.

Ce que l'Irlandais avait recruté n'appartenait sans doute pas à la crème de la marine internationale. C'étaient deux Génois, un Maltais, un Grec, un Albanais et deux Géorgiens que Craig avait sournoisement débauchés parmi l'équipage de son ami Mamoulian. Mais l'ensemble parut vigoureux et de mine supportable à l'œil exercé de Jason.

— Vous voilà tout de même ! grogna Craig en guise de bienvenue. Nous commencions à désespérer...

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